Energie Partagée tisse sa toile !

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Implication citoyenne pour une transition énergétique locale.

Une première rencontre des acteurs de la transition énergétique sur les territoires !

Les premiers réseaux régionaux bénéficiant d’un poste d’animation à plein temps sont Taranis en Bretagne, Réseau Énergies Citoyennes en Pays de la Loire et Énergie Partagée Provence Alpes Côte d’Azur. D’autres régions ont déjà créé un réseau (Énergies citoyennes en Rhône-Alpes) ou sont sur le point de l’être (Languedoc Roussillon), d’autres enfin y réfléchissent sérieusement (Midi Pyrénées, Basse et Haute Normandie).

Pour fonder une coopération inter régionale, un atelier a réuni tous ces acteurs pour construire ensemble une feuille de route  : les mots d’ordre sont la mutualisation des outils et la montée en compétence de tous ceux qui veulent s’investir dans un projet citoyen d’énergie.

Prochaine étape : déployer la feuille de route et développer le réseau Énergie Partagée dans d’autres régions !

Les échanges ont permis de mettre en évidence les spécificités et les points communs de chaque région. Deux partenaires européens, Somenergia en Catalogne et Ecopower en Flandres, réunis dans le projet européen Rescoop, se sont joints aux réflexions.

En voici 7 résultats.

1. Il est important de prendre en compte l’identité de son territoire

La densité urbaine peut être une opportunité pour la participation citoyenne comme en Flandres, ou un frein quand elle génère des conflits d’usage des ressources communes (sols, l’eau…).

De grands projets industriels d’énergie renouvelable peuvent être un terreau pour des projets citoyens qui transforment alors les réactions de rejet en une énergie collective constructive ! Mais parfois, certaines filières, dont le développement aura été sauvage par endroits, ont pu donner une mauvaise réputation aux énergies renouvelables. Ailleurs encore, certaines filières bien implantées comme l’hydroélectricité offrent une légitimité à celles-ci.

Les territoires très nucléarisées quant à eux, en étant dotés des emplois qui vont avec, accueillent avec moins d’enthousiasme l’appropriation citoyenne de la production d’énergie. Au contraire, la situation de péninsule énergétique de certains territoires (Bretagne, sud est) est une opportunité pour relocaliser l’énergie.

2. Chaque territoire a ses propres potentiels d’énergies renouvelables : ce sont les terroirs énergétiques !

Le territoire français est doté d’une richesse plurielle d’énergies renouvelables. L’enjeu est donc de savoir et pouvoir développer ses ressources au profit de l’économie locale et de l’environnement. Les réseaux régionaux d’énergie citoyenne partent avant tout des ressources énergétiques pour assurer le travail d’accompagnement local en adéquation avec les porteurs de projets citoyens.

 

3. La maîtrise de la demande d’énergie (MDE) reste la priorité.

On parle même de réduction de la demande d’électricité (RDE). Des projets citoyens sont en préparation, surtout pour exploiter le potentiel d’économie d’électricité dans les villes! !

4. Les collectivités locales et l’Ademe constituent des soutiens très importants pour la subvention et l’accompagnement de projets

Les régions où les dynamiques citoyennes sont les plus fortes sont celles où la Région et l’Ademe apportent leur soutien au travers de différents outils : appels à projets, création d’opérateur énergétique régional, de sociétés d’économie mixte, animation de filière Enr, etc.

Certaines collectivités locales ont déjà l’habitude de participer financièrement aux projets via des Sociétés de Production Locale ou des Régie Publique. De même, les Schéma Régionaux Climat Air Énergie (SRCAE ) et les Plans Climats Énergie Territoriaux (PCET), sont un cadre très favorable à l’émergence de projets citoyens à condition que leur portage politique soit fort.

Les syndicats d’électricité, les parcs naturels régionaux peuvent également être de précieux partenaires.

Chez nos voisins européens, l’implication des acteurs institutionnels est fortement différente. En Catalogne, les municipalités n’ont pas un sou. Même si l’indépendance énergétique est clairement anticipée dans la perspective d’une indépendance régionale, les coopératives d’énergie ne « perdent pas leur temps »à nouer des relations institutionnelles et préservent ainsi, l’autonomie de leur mouvement.

En Flandres, ils sortent d’une longue période de monopole privé sur la production d’énergie. Les municipalités s’investissent beaucoup même si nombreuses sont celles qui ne voient pas d’un bon œil la participation directe des habitants aux projets…

5. La présence d’une coopérative Enercoop régionale est un atout indispensable pour un réseau local de projets citoyens d’énergie

Les coopératives régionales Enercoop travaillent conjointement sur la fourniture, la production et la commercialisation ( à des degrés différents selon les régions). La constitution d’une toile locale composée des acteurs de l’économie sociale et solidaire et des clients/sociétaires donne aux coopératives une fonction de catalyseurs d’initiatives locales.

6. Il existe des obstacles institutionnels…

Il ne s’agit pas de parler de la législation nationale, de l’insécurité liée à la fin des tarifs d’achats ni des servitudes comme celles liées à la présence d’activités militaires. Ces contraintes sont bien réelles mais s’imposent à tous quel que soit la région.

A l’échelle régionale, le réseau électrique peut être un facteur limitant, par exemple en zones de montagnes. Partout, la planification du développement de ce réseau, via les Schéma Régionaux de Raccordement au Réseau des Energies Renouvelables (S3REnr), est un enjeu stratégique. Malheureusement, leur élaboration n’est pas concertée avec les citoyens qui n’ont ainsi aucune prise dessus !

D’autres acteurs ont des positionnements qui varient beaucoup selon les régions comme la Caisse des Dépôts et des Consignations ou certaines administrations déconcentrées (par exemple les polices de l’eau).

Il y a donc un enjeu fort pour les réseaux régionaux de représenter et porter les intérêts des porteurs de projets et des acteurs de l’énergie citoyenne afin que la multiplication des projets citoyens d’énergie puisse se développer dans un contexte davantage favorable.

7. L’énergie citoyenne touche plusieurs réseaux d’acteurs qu’il s’agit de faire converger.

C’est d’abord vrai pour les réseaux techniques de l’énergie qui sont souvent assez développés mais très cloisonnés entre filières. Ils sont basés sur la technique et jamais sur la méthode de mobilisation citoyenne. Il n’existe pas encore officiellement de filière citoyenne de l’énergie ! De nouvelles compétences sont en train de naître. Certains réseaux comme ceux des Espaces Info Énergie (EIE) ou des économes de flux souhaitent monter en compétence pour mieux conseiller les citoyens.

Enfin, les acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire sont des partenaires essentiels de l’énergie citoyenne. Hélas, les politiques publiques sont encore trop souvent cloisonnées entre l’environnement d’une part et l’Économie Sociale et Solidaire d’autre part, ce qui peut freiner le soutien public aux énergies citoyennes. Les synergies sont pourtant évidentes. En Flandres, Ecopower a même quitté les réseaux des énergies renouvelables (trop tournés vers le business à leur goût) pour devenir les leaders du réseau coopératif flamand ! En France, Énergie Partagée et Enercoop ont rejoint d’autres acteurs dans le collectif de la Transition Citoyenne pour mettre en acte cette convergence.

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