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Concilier agriculture et énergies renouvelables

“Le berger avec ses moutons a l'air d'une église avec son village.” disait Jules Renard, qui soulignait par ces mots le lien indéfectible et minéral entre l'éleveur et son milieu. Et si, à l'heure de la nécessaire transition énergétique, le monde agricole accompagnait les territoires ?

Cultiver du vent, du gaz, du soleil...

C’est une tendance que nous percevons très nettement : les liens avec les agriculteurs, les chambres d’agriculture et les CUMA (Coopératives d’Utilisation de Matériel Agricole) se font de plus en plus nombreux, signe que le monde agricole se penche de plus en plus sérieusement sur l’enjeu énergétique de territoire.  Pourquoi cet intérêt de la profession vers l’énergie ? Quels rôles peuvent jouer ces acteurs ancrés localement et culturellement ? Comment ces acteurs peuvent enrôler avec eux tout un territoire ?

Pour Énergie Partagée, il s’agit de mieux comprendre les nouveaux enjeux agricoles pour accompagner cette mutation globale et locale en accord avec les collectivités et habitants.

L’agriculteur, pierre angulaire des projets de territoires

Dans son rapport, Joakim Duval expose les liens « naturels » entre production d’énergies renouvelables et agriculteurs.

3 éléments importants sont à prendre en compte

1. L’agriculteur est un entrepreneur.

La prise de risque, l’investissement sont le quotidien des agriculteurs. Leurs conditions de travail se font de plus en plus difficiles, et ils doivent lutter pour le maintien de leurs activités agricoles. Dans ce contexte, s’engager dans les énergies renouvelables peut leur permettre de dégager une ressource financière complémentaire et non négligeable.

"Investir dans du photovoltaïque, dans un bâtiment, dans un tracteur ou dans un nouvel atelier, pour nous, c’est pareil. C’est une opportunité qui a aujourd'hui été intégrée par le monde agricole" - François Girard, agriculteur et porteur de projet.

2. L’agriculteur est un acteur local.

Pour habiter et travailler la terre, il faut avoir une connaissance fine de son territoire, et notamment de la faune et de la flore, savoir incontournable pour estimer la faisabilité et le potentiel d’un site de production d’énergie verte. De plus, du fait de leur ancrage local qui remonte souvent à plusieurs générations, ils ont également une bonne connaissance du tissu social du territoire et sont déjà reconnus et légitimes aux yeux des habitants.

3. L’agriculteur peut valoriser son patrimoine.

Patrimoine bâti, patrimoine naturel (parcelles) ou encore patrimoine agricole (cultures et élevages)…  Les agriculteurs peuvent concilier activités agricoles et production d’énergies renouvelables en combinant plusieurs filières : éolien, photovoltaïque, et méthanisation sont autant de technologies bien utiles pour exploiter le potentiel des ressources qu’ils possèdent.

La nécessaire intégration des énergies renouvelables dans le milieu agricole

Deux enjeux fondamentaux ici se dégagent.

  • D’une part, comment les activités autour des énergies renouvelables peuvent-elles contribuer à renforcer une agriculture pérenne et respectueuse de l’environnement ?
  • D’autre part, comment accompagner les acteurs agricoles à s’engager et investir dans des projets d’énergies renouvelables, portés collectivement avec d’autres acteurs du territoire ?

Améliorer la formation des acteurs agricoles

Une des priorités dès aujourd’hui : former les futures générations d’agriculteurs en intégrant un module sur les énergies renouvelables pour sensibiliser puis accompagner au mieux les acteurs agricoles (chambre d’agriculture, CIVAM, CUMA…) et leur permettre de monter en compétences sur les liens à tisser entre énergies renouvelables et agriculture.

Sécuriser le foncier agricole

Même si le développement des énergies renouvelables est responsable d’une part très faible d’occupation des terres agricoles, la pression spéculative sur ces terres est forte. Il est important de rester vigilants à la qualité de la terre et à son utilisation pour développer au mieux l’agriculture, avant même de considérer la production d’énergie.

C’est un des intérêts de porter collectivement les projets : pouvoir développer les énergies renouvelables sur des terrains où l’intérêt collectif prime sur l’intérêt des particuliers.

Encadrer le modèle de développement de la méthanisation

Parmi les énergies renouvelables, la méthanisation revêt un caractère particulier. A la croisée de l’énergie, de l’agriculture, et de la gestion des déchets, elle se trouve au cœur d’enjeux multiples, dépassant de loin les seules questions de production énergétique.

Parce qu’Énergie Partagée est convaincue que transition énergétique et transition agricole vont de pairs, nous avons élaboré une Charte dédiée à la méthanisation. Elle est un premier guide pour promouvoir des projets qui seront aussi compatibles que possible avec le modèle agricole que nous voudrions voir émerger demain.

Pour des énergies renouvelables collectives et locales

Kevin Tamboise, porteur d’un projet citoyen éolien en milieu agricole et membre de l’association Vent Pour Tous, souligne :

"Les projets citoyens sont une manière efficace de rapprocher le milieu agricole et les citoyens au sens large. On renoue un dialogue. On fait comprendre aux citoyens les enjeux qui sont aujourd’hui ceux du secteur agricole".

Plusieurs expériences démontrent qu’il est possible de mener un projet en lien avec les habitants.

C’est le cas du projet Methalayou.

Dans les Pyrénées-Orientales, 15 exploitants agricoles ont décidé de mettre en commun leurs déchets verts pour réduire le recours aux intrants chimiques et produire un biogaz local. Conscients des tensions que les projets de méthanisation peuvent susciter, ils ont décidé de communiquer largement sur leur projet et d’y inclure les collectivités locales et les habitants du territoire. C’est le cas également du projet Méthamoly dans la Loire.

C’est le cas également du projet Méthamoly dans la Loire.

En Occitanie, l’installation de panneaux solaires sur les toits de la Ferme d’Escoums démontre également que le maintien de l’agriculture paysanne peut aussi passer par les énergies renouvelables, avec plus de 160 coopérateurs qui ont déjà rejoint ce beau projet.

Faire le lien entre un secteur en crise et des citoyens qui n’ont pas encore connaissance du contexte, et miser sur une transition énergétique collective pour sortir de cette crise : voilà tout l'enjeu des années à venir.