PACA : territoire pilote pour Énergie Partagée

Énergie Partagée mène en Provence-Alpes-Côte d’Azur sa première mission d’animation régionale. Objectif : coordonner un réseau d'acteurs de l'énergie citoyenne pour démultiplier le nombre de projets citoyens d'énergies renouvelables et impliquer les habitants de la région.

Au programme de cette mission :

  • Montrer aux collectivités, à la société civile et aux développeurs privés l’intérêt et la faisabilité pour les territoires de monter des projets citoyens d’énergie ;
  • Aider à l’émergence de projets et à la constitution de porteur collectif
  • Créer les conditions de leur accompagnement par l’animation d’un réseau local d’acteurs et le lancement d’un appel à projets citoyens

D’ici un an, en s’inspirant de cette première expérience, d’autres missions de coordinations pourraient suivre dans d’autres régions.

Pourquoi la région PACA ?

La région PACA est un territoire très contrasté, avec plusieurs sous ensemble :

  • Le littoral très urbanisé de Marseille, Toulon, et la Côte d’Azur
  • Les massifs alpins et leurs contreforts : Hautes-Alpes (Gap, Briançon), et le nord des Alpes Maritimes
  • Les arrière-pays et la Haute Provence jusqu’aux Préalpes : autour des villes d’Apt, Aix-en-Provence, Brignoles, Draguignan, Forcalquier, Digne-les-Bains
  • Les vallées de la Durance (Manosque, Forcalquier, Sisteron), et du Rhône (Arles, Avignon)

Il existe une dizaine de bassins de vie, plus de mille communes, répartis sur 6 départements (Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Var et Vaucluse), une vingtaine d’agglomérations dont deux métropoles (Marseille et Nice), 14 Pays et 6 Parcs Naturels Régionaux qui couvrent 20% du territoire régional.

Des changements sociodémographiques récents et une pression urbaine qui génère des conflits d’usage des sols

Près de 5 millions d’habitants vivent en PACA et plus de 90% en zone urbaine. Ils se concentrent essentiellement sur le littoral et le long  de la Vallée du Rhône voire de la Durance.  La croissance démographique a été tirée ces vingt dernières années par l’arrivée de nouveaux résidents qui sont venus chercher une meilleure qualité de vie surtout dans l’Est de la région. Aussi, vivre ensemble est un vrai chantier pour les natifs et les nouveaux venus, pour les urbains qui ont quitté la ville et les ruraux, pour ceux qui travaillent sur le territoire et ceux qui n’y travaillent pas, etc.

Parallèlement, nombreux sont les territoires ruraux en voie de périurbanisation. Les paysages s’y banalisent et les espaces se fragmentent. L’étalement urbain se rapproche, voire gagne  le  relief  et  touche  désormais  tout  le Centre Var, les aires urbaines d’Aix-en-Provence et d’Avignon, et le Val de Durance.
Sur ces territoires, les habitants n’accueillent pas de la même manière les centrales de production d’énergie près de chez eux. A cause d’un développement qui a été parfois sauvage en PACA en raison de la compétition que se livrent les acteurs industriels, des conflits locaux sont mêmes survenus, notamment sur les centrales photovoltaïques au sol et les grandes éoliennes.

Le paradoxe énergétique des territoires ruraux et montagnards

Au contraire des territoires périurbanisés, il existe des espaces ruraux dans l’arrières pays et vers le massif Alpins qui présentent un risque de désertification. Leur économie très largement résidentielle et touristique, les fragilise.
En outre, leurs habitants consacrent souvent aux dépenses d’énergie une partie de leur revenu plus importante qu’ailleurs. Pourquoi ? Ils ont souvent de grosses factures de chauffage du fait de leurs besoins d’énergie de chauffage souvent plus importants sous le climat montagnard, surtout pour les maisons individuelles équipées de chauffage au fioul ou à l’électricité. Côté transport, ils sont dépendants de la voiture individuelle et parcourent souvent plus distance qu’en zone urbanisée.
Paradoxalement, ils apparaissent comme des « territoires ressources », en eau, forêt, agriculture, biodiversité, énergie … Ce sont ces territoires qui contribuent aujourd’hui le plus à la production d’énergie renouvelable.
Nombreuses parmi ces collectivités périurbaines et rurales sont à la recherche de projets moteurs, capables de nourrir leur développement local en se passant de l’attractivité des pôles urbains.

Des terroirs énergétiques prometteurs

La région PACA est riche de ressources naturelles exceptionnelles et présentent de forts potentiels de production d’énergie renouvelable. Pourtant celle-ci ne couvre que 10% des consommations finales régionales. L’objectif, inscrit dans le Schéma Régionale Air Climat Energie, est de doubler cette part en 2020.
La région est donc pour l’heure très dépendante des approvisionnements extérieurs. La facture énergétique régionale atteint environ 12% de son PIB, soit 16 milliards d’euros par an. C’est autant d’argent qui ne profite pas aux circuits de richesses locaux.

La production d’hydroélectricité demeure la première source de production d’énergie primaire de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur principalement grâce aux grandes installations de la Durance et du Rhône ;
Le bois-énergie est la deuxième source de production énergétique du territoire régional et son potentiel reste très important notamment pour des chaufferies collectives raccordées à un réseau de chaleur. Mais la filière est peu structurée et menacée par le gigantesque projet  d’E-ON (conversion de la centrale à charbon en biomasse 150MW annoncés) ;
L’énergie solaire (photovoltaïque et thermique) est la source de production qui a connu le plus fort dynamisme ces dernières années faisant de Provence-Alpes-Côte d’Azur la première région solaire de France depuis 2009.

En photovoltaïque sur toiture,  il existe un fort potentiel notamment pour les zones urbanisées, et les territoires dotés de toitures d’activités et/ou de grandes toitures.

Au sol, le potentiel est important également même si de nombreux projets sont déjà sortis avec certains qui ont laissé un goût amer aux populations… La question de la concurrence avec les terres agricoles est brûlante. Il existe néanmoins beaucoup de surfaces anthropisées qui pourraient les accueillir telles que des anciennes carrières, anciennes décharges, anciens sites de dépôts ou de concassage, des sites pollués réaménagés, des bords d’autoroute, des réserves foncières aux abords des infrastructures de la SNCF, de la Compagnie Nationale du Rhône CNR, de la Société du Canal de Provence, etc. En revanche, le photovoltaïque au sol est souvent impossible pour le territoire littoral à cause de la pression foncière ou ceux alpins du fait des lois Littoral et Montagne.

Côté solaire thermique, si la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est aujourd’hui la première région de production française en terme de puissance, la filière a connu de grosses difficultés. Le Conseil régional souhaite relancer cette filière dont le potentiel en PACA est encore très important.

Quant au grand éolien, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur accueille aujourd’hui quatre parcs éoliens pour une puissance de plus de 45 MW. 15 parcs sont actuellement en projets dont 9 sont bloqués en raison d’opposition locale ou de contraintes liées à la sécurité aérienne ou aux radars meteo. En outre, la sensibilité paysagère de nombreux territoires dissuadent certaines collectivités de s’y lancer.

Sur la petite hydroélectricité (entre 100kW et 10  MW), le potentiel en termes de puissances est considérable, et repose essentiellement sur de l’amélioration des centrales existantes. L’ouverture de ces  installations aux citoyens à l’occasion d’investissements de réhabilitation est une piste.
Bois-énergie : malgré le gigantesque projet d’E-ON (conversion de la centrale à charbon en biomasse 150MW annoncés) dont on craint qu’il dévaste la filière bois locale qui n’est déjà pas  en grande forme, la filière pourrait avoir un bon potentiel

La biomasse agricole présente également des potentiels intéressants. Celle combustible d’abord avec la  production des plantes à parfums (plateaux de Valensole et de Sault) et de pailles de riz en Camargue. La biomasse méthanisable (biogaz) n’a pas encore de filière mais présente un bon potentiel sur de moyennes centrales agricoles (rayon de 30 km). Le potentiel est réparti autour de trois bassins : le secteur d’élevage  dans  les  Hautes  Alpes  et  la  vallée  de  l’Ubaye  (effluents  d’élevage  et  effluents  de  fromagerie), , le  secteur viticole (diagonale Vaucluse, Bouches du Rhône, Var) et le littoral avec les boues de station d’épuration.

Une situation de péninsule électrique

Dans le Sud Est dans les Alpes Maritimes, il existe un risque de délestage voire de black-out lors des épisodes de fortes consommations du fait de la configuration du réseau de transport d’électricité pour la péninsule énergétique. Un programme de sécurisation et de développement du réseau d’élaboration par RTE (S3REnr) et un programme d’économie d’énergie Ecowatt sont en cours.

Le Conseil régional, chef de file…

Le SRCAE en Provence-Alpes-Côte d’Azur, a été adopté par l’Assemblée régionale le 28 juin 2013 et approuvé par le Préfet le 17 juillet. Il prévoit explicitement d’expérimenter et de soutenir les investissements citoyens dans les énergies renouvelables et de privilégier la gouvernance locale des projets. De même pour l’accord de transition du  Contrat de partenariat Etat-Région 2014-2020.

Par ailleurs, une dizaine de réseaux sur l’énergie existent en PACA :  la Mission Régionale Bois Energie, la mission PHéE sur la petite hydro, les conseillers en énergie partagés et économes de flux, le réseau des plans climat PACA Climat, Envirobat, Bâtiments Durables Méditerranéens, entreprises et efficacité énergétique, villes lauréates du programme AGIR, club des écoquartiers, réseau sur la précarité énergétique …

…et des acteurs historiques locaux expérimentés qui ouvrent la voie à la transition énergétique en PACA

Ils sont une poignée de structures locales qui ont déjà commencé à travailler au montage de projets citoyens d’énergie. Dotés d’expertises variées et d’expériences concrètes (par exemple l’école de Gaubert), Énergie Partagée est en train de constituer avec eux une offre d’accompagnement pour les porteurs de projets citoyens.

Geres France : acteur nationalement reconnu, il accompagne notamment la structuration de filières locales de la petite hydroélectricité et du biogaz.

SCIC Energ’Ethique 04 : société coopérative dynamique, ils portent déjà des projets citoyens tel que celui de l’école de Gaubert qui a mobilisé de l’investissement citoyen, et, dont le chantier a été confié à des entreprises locales et l’électricité vendue à Enercoop PACA.

SCIC Enercoop PACA : société coopérative également, ils sont fournisseur d’électricité 100% renouvelable.

Attitude Solidaire : ils ont à leur actif 11 ans d’activités coopératives sur les énergies renouvelables et l’éco-construction dans la Haute Provence.

AERE (association pour les énergies renouvelables et l’écologie) a pour objet la promotion des économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables sur le territoire du Vaucluse et des Alpes de Haute Provence. Ils portent par exemple le projet des Ateliers de la Transition Energétique, projet pédagogique et participatif.

FNE PACA : membre de la fédération France Nature Environnement, tête de réseau régionale en PACA, ils sont au service du dialogue local pour le développement de projets tout en veillant  à leur insertion locale et à leur cohérence avec les objectifs de développement durable. Dans cet esprit, ils mènent un travail riche sur la concertation territoriale des projets d’énergies renouvelables.

Des collectivités se sont également déjà engagées dans les projets citoyens. C’est le cas par exemple de la Société d’Economie Mixte SEVE (Soleil, Eau, Vent, Energie) qui a pour objet la production d’énergies renouvelables, sur le territoire du Briançonnais. 8 projets photovoltaïques ont déjà vu le jour totalisant une puissance crête d’environ 290 kWc et ayant produit en 2013 quelques 300 000 kWh. Autre exemple :  les Parcs Naturels du Luberon et du Queyras ont lancé cette année sur leur territoire un projet de centrales villageoises. Beaucoup d’autres s’intéressent à ces nouveaux modèles de production locale et citoyenne d’énergie.

Des habitants ont aussi pris les devants, notamment au sein de diverses organisations relevant de l’économie sociale et solidaire.

Conclusion :

Ce tour d’horizon n’est évidemment pas exhaustif et de nombreuses autres actions sont lancées sur les territoires.
Souhaitons à tout ce beau petit monde de partager l’énergie nécessaire pour faire sortir de nombreux projets citoyens !

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