Les communautés énergétiques en France : un paysage riche et innovant
Lors des Rencontres nationales de l’énergie citoyenne à Marseille, Gilles Debizet, chercheur en aménagement et urbanisme, a présenté un aperçu du regard porté par les sciences sociales sur les notions de coopératives citoyennes, de collectifs d’autoconsommation et de communautés énergétiques.
Les communautés énergétiques revêtent diverses formes en France, offrant un éventail d’opportunités et de défis passionnants. Comme l’a souligné Gilles Debizet dans sa présentation, l’articulation des différentes échelles territoriales par le mouvement Énergie Partagée constitue un atout majeur pour la transition énergétique. Cette capacité « transcalaire » lui confère un potentiel d’action puissant.
Les sciences sociales identifient trois grandes familles de “communautés énergétiques” au sens large du terme, donc non restreintes à la définition légale de cette notion, voire antérieures à cette dernière. Les plateformes digitales d’échange d’électricité sont une famille essentiellement présente dans des pays à forte culture libérale. En France, les sciences sociales distinguent plus particulièrement les coopératives citoyennes et l’autoconsommation collective.
Les coopératives citoyennes se caractérisent par leur ancrage territorial et leur refus de la concurrence entre elles, des valeurs qui leur confèrent une originalité forte. Leur volonté d’ancrage local témoigne d’une vision à long terme, ancrée dans les réalités des territoires.
L’autoconsommation collective, quant à elle, implique une diversité d’acteurs tels que, par exemple, des bailleurs sociaux, des collectivités locales ou des coopératives. Cette pluralité ouvre de nombreuses possibilités de déploiement, mais soulève également des défis en termes de gouvernance et de pérennité économique. La complexité de ces opérations nécessite une coordination étroite entre les parties prenantes.
Bien que complémentaires, les coopératives citoyennes et l’autoconsommation collective présentent des différences notables en termes de statut juridique, de modèle économique et de relation au territoire. Ces différences peuvent engendrer des tensions potentielles, mais offrent aussi des opportunités de synergie à explorer.
Un élément clé à surveiller est la réglementation européenne sur les « communautés d’énergie ». Cette réglementation soulève des enjeux cruciaux de conciliation entre les logiques de marché et les alternatives proposées par les communautés énergétiques. Un champ de tensions et de controverses est ainsi ouvert, nécessitant une réflexion approfondie sur les valeurs et les objectifs poursuivis.
En définitive, le paysage des communautés énergétiques en France est riche et innovant, avec une multitude d’acteurs et de modèles en émergence. Si cette diversité offre de nombreuses perspectives enthousiasmantes, elle soulève également des questions quant à l’avenir de ces initiatives et à leur capacité à transformer durablement le système énergétique. Une chose est sûre : le futur de ces communautés énergétiques est encore à écrire, et leur évolution promet d’être passionnante à suivre.