Blais’Watt inaugure son premier site d’énergie solaire !
Près de Blois, le collectif d’énergie citoyenne Blais’Watt vient d’inaugurer, le 20 mai, une toiture solaire (100 kW) sur un chai. Un premier projet qui donne une impulsion à tout un territoire !
« Du bord de la route, on pourrait croire que c’est l’histoire d’un vigneron qui a installé des panneaux photovoltaïques. Mais pas du tout ! », lance Raphaël Mercey, animateur d’Energie partagée en région Centre Val de Loire. En effet, c’est une histoire beaucoup plus passionnante qu’une installation classique que nous ont racontée les membres de Blais’Watt, le 20 mai, lors de l’inauguration de leur premier site photovoltaïque.
Une quarantaine de structures facilitatrices
Depuis trois ans, le collectif d’énergie citoyenne de Blois (Loir-et-Cher), baptisé Blais’Watt, se mobilise pour sensibiliser les citoyens à la sobriété, promouvoir et produire des énergies renouvelables. Alors qu’ils n’étaient qu’une poignée de personnes en 2019, ils ont réussi à créer une association qui réunit aujourd’hui une quarantaine de membres, puis une société dédiée (B.Watt41, une SAS à capital variable) et enfin, ils ont fédéré 125 souscripteurs autour de leur projet. « Malgré le covid, vous avez continué coûte-que-coûte votre projet. Vous avez été exemplaires ! », ajoute Raphaël Mercey, lors de la visite du bâtiment.
Les conférences pour sensibiliser les citoyens à l’énergie s’enchainent, et de multiples personnes s’impliquent au travers de différentes structures dans le projet, sous l’impulsion d’Énergie Partagée : L’Hôte bureau, les Greniers de Vineuil, Énergies Vendômoises, Enercoop, Action Climat, Sortir du nucléaire, Mission locale, la Filerie…
Les collectivités s’engagent également (Ville de Blois, Agglopolys, Pays des Châteaux, la Région Centre-Val de Loire, etc.), à l’image de Nicolas Orgelet, simple citoyen au départ du projet, devenu vice-président à la transition énergétique pour l’agglomération blaisoise, qui a pris la parole lors de l’inauguration : « On sent à quel point votre projet est important face aux enjeux sociaux et climatiques. Nous sommes très en retard sur nos objectifs d’énergie renouvelable. Nous avons besoin de personnes comme vous, qui se forment et prennent les choses en main. » Au total, une quarantaine de structures ont facilité le projet.
Rencontre avec un vigneron
Cette forte implication locale porte ses fruits en 2020, lorsque Vincent Hayer, vigneron bio à Cormeray, entend parler de ce collectif citoyen. « Je voulais construire un chai de façon écologique, avec des panneaux photovoltaïques, mais je n’avais pas le budget. La rencontre avec le collectif a été déterminante ». En quelques semaines, les membres du collectif trouvent un installateur (Héliosolis à Onzain), demandent le raccordement à Enedis et… étudient l’assurance. « Nous avons passé beaucoup de temps sur les statuts de l’association et sur comment assurer des panneaux ! », souligne Thomas Prigent, un des huit co-présidents de Blais’Watt, qui est revenu sur les étapes du projet. Les travaux se déroulent en 2021, en même temps que la construction du chai. 264 panneaux Bisol assemblés en Slovénie, « les moins chinois possible » précise un membre de Blais’Watt, soit 100 kW, couvrent le toit du chai.
Sur un budget de 96 200 €, les Blaisois ont réussi à collecter plus de la moitié (53 %) de la somme. Le reste provient d’une subvention de la région Centre-Val-de-Loire, qui versait jusqu’en 2021, un euro par euro citoyen collecté. Depuis le 4 avril, l’électricité est injectée sur le réseau, avec un tarif d’achat de 0,0952 € /kWh, garanti sur 20 ans.
À la fin de son discours, Thomas Prigent regarde le compteur. « Nous sommes déjà à plus de 1000 kWh produits sur les 114 000 kWh attendus tous les ans. Mais ce que le compteur ne mesure pas c’est la belle aventure humaine, la confiance pour apprendre à travailler ensemble, les milliers d’heures passées sur ce projet… ».
Issus de secteurs très différents (agriculture, production industrielle, social…), ces passionnés de l’énergie ont dû apprendre à travailler ensemble. « C’est intéressant de voir la prise de conscience citoyenne. Beaucoup de personnes ont compris que la dimension citoyenne est une force pour la transition énergétique », souligne Philippe Larmagnac, membre de Blais’Watt. Gilles Guellier, administrateur de la SAS, ajoute : « Avec ce projet, nous sommes tous montés en compétence et maintenant, nous sommes capables d’initier d’autres projets, réplicables sur beaucoup de territoires ».
De multiples projets
En effet, l’histoire ne s’arrête pas là, ce n’est que le début ! Blais’Watt porte un deuxième projet : une toiture de 100 kW sur un hangar agricole d’un maraîcher, au nord de Blois. La collecte citoyenne (70 000 €) a été réalisée et la société Triangle finalise les travaux de construction du hangar et de la toiture. La mise en service est prévue pour l’été 2022.
D’autres projets sont à l’étude : sur la toiture sur l’Institut national des sciences appliquées à Blois, sur le lycée Augustin Thierry, au sol sur la friche de Truffaut à Vineuil… L’initiative s’étend au-delà du Blaisois. Le conseil départemental, l’Ademe, la région via le projet européen « Life LetsGO4Climate» s’impliquent également pour mettre en avant l’énergie citoyenne.
« Finalement, c’est l’histoire de plein de liens solides qui permettent d’aller beaucoup plus loin que le Blaisois et d’impulser une dynamique citoyenne sur toute la région », conclut Raphaël Mercey, et qui lève son verre, de vin bio, à ces futurs projets !
Écoutez le podcast La Chose Commune avec des membres de Blais’Watt !