Chauffer les personnes plutôt que les espaces : et si on passait à la « slow heat » ?
L’hiver est là, le changement climatique et l’inflation poussent à réduire notre consommation d’énergie, la précarité énergétique en augmentation... Ne serait-il pas temps de reconsidérer nos habitudes et nos présupposés en matière de chauffage ? C’est ce à quoi invite l’initiative SlowHeat.
La sobriété énergétique ne se limite évidemment pas aux actions individuelles. Elle doit impérativement être prise en compte dans les domaines les plus structurants (aménagement du territoire, bâtiment, transports, …). Mais ces évolutions profondes seront facilitées par le changement des représentations et des pratiques individuelles. Slow Heat, une passionnante initiative de recherche-action lancée en Belgique par un collectif de chercheurs, architectes et citoyens wallons, s’est attelée depuis quelques années, par l’expérimentation, à changer ces représentations et ces pratiques.
Face aux crises énergétiques et climatiques qui nous guettent et menacent notre accès au chauffage tel que nous le connaissons, SlowHeat développe des connaissances et prépare la résilience en explorant et coconstruisant l’idée et la pratique d’une vie basse température, basse énergie.
« Dans quelle mesure, et à quelles conditions, peut-on réduire nos demandes de chaleur “externe” et être plus résilients - individuellement et collectivement - grâce à la discussion de notre notion de confort, la transformation de nos pratiques de chauffage et à l’exploration de situations basse température, basse énergie ? »
Pour le collectif SlowHeat, vivre avec 16, 15, voir 14°C en intérieur, c’est possible et confortable à certaines conditions que leur projet de recherche s’attache à décrire. Les 4 points clés sont :
- Réduire la demande de chaleur du corps, par la combinaison de 3 éléments : l’habillement, l’acclimatation et l’activité.
- Continuer à chauffer les occupants, mais plus le logement grâce à du matériel adéquat.
- Refaire de la demande de chaleur un acte conscient et maitrisé plutôt qu’automatique.
- Rediscuter les normes de confort entre les membres d’un logement, et plus largement au sein de la société.
« Les craintes courantes de “vivre en doudoune” ne sont en général exprimées que par les personnes qui n’ont pas vraiment essayé : avec des ajustements mineurs et sans conséquence notable sur l’agilité, on atteint facilement des réductions de plusieurs degrés à confort égal. »
[Infographie] Les grands principes de la logique SlowHeat
En pratique, adopter la démarche "slow heat", ça donne quoi ?
De plus en plus de médias s’intéressent à la démarche de l’initiative SlowHeat. L’émission « Autrement » de la chaîne de télé bruxelloise BX1 y a consacré une édition très intéressante, riche en reportages et témoignages de personnes impliquées dans l’expérimentation.
Mieux comprendre pour mieux économiser le chauffage : ressources choisies pour approfondir
« Il faut désapprendre un certain nombre de choses, qu’on a apprises par imprégnation culturelle, familiale. […] L’étude du passé nous prouve que lorsqu’on est dans une situation de précarité énergétique ou de rareté énergétique, on est obligé de se poser des questions sur ses comportements et donc d’être autrement inventif. On ne peut pas continuer sur cette fuite en avant qui consiste à consommer toujours plus d’énergie. »
Les changements de comportements ne peuvent suffire à lutter contre la précarité énergétique
L’appel aux changements individuels de comportements ne doit pas dédouaner les pouvoirs publics de mettre en oeuvre les mesures structurantes auxquelles les appelle régulièrement la société civile, et notamment en matière de lutte contre la précarité énergétique. C’est tout le sens, par exemple, de la tribune « L’hiver arrive : chauffez nos logements, pas le climat ! » publiée par de nombreux acteurs associatifs rassemblés mi-novembre autour des Amis de la Terre, ou encore de la Journée contre la précarité énergétique.
Et même à titre individuel, on peut s’engager pour soutenir la lutte contre la précarité énergétique, par exemple avec Énergie Solidaire pour les clients Enercoop ou avec Don de chaleur quel que soit votre fournisseur d’électricité.
Le CLER – Réseau pour la transition énergétique propose 5 ressources clés pour comprendre la précarité énergétique.