Intro : Les éoliennes ne soulèvent pas forcément l’opposition des riverains. C’est ce qu’on va voir dans votre « Esprit d’initiative », Lionel Thompson, bonjour !

Le collectif Énergies citoyennes en Pays de Vilaine développe depuis près de vingt ans des parcs d’éoliennes, et il le fait en impliquant des citoyens. Vous êtes allé voir l’un des fondateurs.

Lionel Thomson : Nous l’avons rencontré dans sa maison, dans un hameau près de Redon. Michel Leclercq scrute l’écran de son ordinateur pour voir en temps réel la production d’un des parcs éoliens du collectif.

Michel Leclercq : Alors aujourd’hui, il n’y a pas grand chose. 1,9 mégawatt, c’est pas grand chose. Par contre, samedi, où il y avait du vent, on était à 130 mégawatts.

Lionel Thomson : Vous êtes devenu vraiment un spécialiste du mégawatt ?

Michel Leclercq : À peu près. Disons que je connais un peu, je vois à peu près ce que ça représente. Je ne suis pas spécialiste, vraiment.

Lionel Thomson : Il fait le modeste, mais rien ne prédestinait cet ancien prof d’arts plastiques à devenir un des pionniers de l’éolien citoyen, et administrateur d’Énergies citoyennes en Pays de Vilaine. Rien, sinon quelques convictions.

Michel Leclercq : Depuis longtemps, je m’intéresse aux énergies renouvelables, un petit peu en contrepartie du nucléaire. Et ici, sur la maison, on a des capteurs solaires, l’eau chaude solaire, une serre pour chauffer la maison et du bois pour se chauffer. Donc, c’était dans la continuité directe.

Lionel Thomson : L’idée de mettre une éolienne sur son terrain vite abandonnée, Michel Leclercq s’est associé au début des années 2000 à d’autres citoyens aux motivations diverses pour lancer à Béganne en 2014, après de nombreuses années à se débattre avec les difficultés juridiques, financières et techniques, le premier parc éolien 100 % citoyen en France. Aujourd’hui, le collectif compte, via différentes structures, 3 sites, 13 éoliennes qui peuvent couvrir les besoins de 20 000 personnes et impliquent environ 2000 citoyens. Et surtout, il a fait école.

Michel Leclercq : On s’est retrouvés à accompagner d’autres porteurs de projets et à être cofondateurs d’un mouvement national qui s’appelle Énergie Partagée, qui structure l’ensemble de la filière des énergies renouvelables citoyennes, à la fois pour créer des outils méthodologiques, des outils techniques, mais aussi un outil financier, Énergie Partagée Investissement, qui permet à tout le monde de pouvoir soutenir le développement des énergies renouvelables et d’avoir quelques revenus en prime.

Lionel Thomson : Les revenus constituent aussi des retombées financières pour les collectivités impliquées et servent notamment à financer des actions de maîtrise de l’énergie. L’implication citoyenne permet également de lever les oppositions, mais pas toutes.

Michel Leclercq : Lors de l’exploitation, notamment, on est particulièrement sensibles à générer le moins de gêne possible pour les riverains, parce qu’on les croise tous les jours. Donc, les riverains savent où s’adresser quand il y a des problèmes et effectivement, on prend les moyens de les résoudre. Par contre, pour les nouveaux parcs, il y a un lobby anti-éolien qui est extrêmement puissant, qui harcèle les gens pour qu’ils s’opposent à l’éolien.

Lionel Thomson : Michel Leclercq, convaincu que les énergies renouvelables pilotées par les citoyens et les territoires plutôt que par des investisseurs extérieurs constituent la solution d’avenir, avec la maîtrise de notre consommation. Il n’est évidemment pas le seul à le penser.