[Interview] Josiane Rosso, membre de la coopérative Enercit
Parce qu’une des manières de monter un projet est de s’inspirer de ceux déjà existants, Énergie Partagée a interrogé des personnes impliquées dans la production d’énergie renouvelable citoyenne, afin qu’elles partagent leur expérience pour en faire profiter les projets émergents.
Josiane Rosso est membre du Conseil d’administration et ex-directrice générale d’Enercit, coopérative créée en 2017 pour promouvoir la production d’énergie verte dans le Tarn-et-Garonne.
Peux-tu nous parler d’Enercit en quelques mots ?
Enercit, pour « Énergie Citoyenne », est une coopérative créée en 2017, issue d’une volonté de rassembler citoyen·ne·s, associations, collectivités et entreprises autour de la production d’énergie verte dans le Tarn-et-Garonne.
On sensibilise également les habitant·e·s du territoire à la sobriété énergétique et on met en avant l’efficacité énergétique, tant auprès des particuliers que des collectivités. Nous avons à ce jour équipé 13 toitures en panneaux photovoltaïques, dont de nombreux toits de particuliers, et la 14e devrait être mise en service courant 2022 ; la puissance totale des installations sera alors de 527 kWc.
J’ai été directrice générale d’Enercit jusque début 2021, puis j’ai laissé la place à Maryse Alayrac, tout en restant administratrice de la coopérative.
Quels sont les points forts d’Enercit ?
Je dirais que notre point fort est d’avoir réussi à nous faire connaître ! À partir du moment où on a réalisé des installations, les habitant·e·s ont eu connaissance de l’existence du collectif, on nous repère bien maintenant. Un certain nombre d’articles parlant de nous sont également parus dans les journaux et nous sommes même passés à France Inter en 2017, dans l’émission Carnets de Campagne ; des gens me disent qu’ils tombent dessus encore aujourd’hui !
Nous essayons le plus possible d’être présents sur les foires bio, notamment celles de Montauban et Lafrançaise, qui attirent du monde ; on y tient un stand pour rencontrer le public, expliquer ce que l’on fait, informer, et on essaie également si possible de proposer une conférence. Ces actions touchent toujours quelques personnes, qui décident de rejoindre la coopérative et deviennent sociétaires.
Également, nous avons plusieurs fois participé au mois de l’ESS (Économie Sociale et Solidaire) ; là aussi nous tenons un stand et participons à des tables rondes, avec d’autres structures. Une année nous sommes intervenu·e·s dans un lycée technique de Montauban, le 2e plus important d’Occitanie, sur deux journées, où on a essayé de faire participer les jeunes, en proposant par exemple des quizz.
Deux de nos membres ont conçu et réalisé un kit de démonstration du fonctionnement d’un panneau photovoltaïque, et nous le présentons sur les foires et sur les événements auxquels nous participons.
L’organisation de « randowatts » est une autre manière de nous faire connaître, cela attire du monde. Le principe est de randonner sur un parcours de plusieurs kilomètres, qui passe à proximité de plusieurs installations photovoltaïques, que nous présentons au public au passage. Nous avons imaginé divers parcours, dont un à effectuer à vélo le long d’un canal entre Montauban et Montech (15 km environ), où nous avons un projet d’installation sur le toit d’une ancienne papèterie.
Quelle est ton expérience en tant que femme dans ce projet ?
J’ai dû m’intéresser à des choses un peu plus techniques qu’à mon habitude ! Je ne connaissais rien au départ au domaine de l’énergie, je travaillais dans l’administratif, ce qui par contre a aidé pour le projet de coopérative. On a tou·te·s appris sur le tas, au fur et à mesure du montage du projet.
Mais on a du mal à faire rentrer des femmes et à atteindre la parité au Conseil d’administration, sur 14 personnes nous sommes seulement 4 femmes… On aimerait aussi avoir plus de jeunes, nous sommes une majorité de personnes assez âgées.
Les hommes s’investissent plus facilement, peut-être parce qu’ils sont moins à la maison. Les femmes ont sans doute plus de charge domestique, c’est un vieux schéma qui existe encore aujourd’hui et se ressent dans les collectifs.
Par contre, les sociétaires comptent beaucoup de femmes ; elles soutiennent la coopérative mais c’est plus compliqué pour elles de s’investir plus, cela demande du temps et de la disponibilité.
Au niveau de la répartition des tâches, la paperasse nous incombe plus systématiquement, quand il faut faire un compte rendu par exemple ; les hommes le font aussi parfois, mais moins spontanément, il faut leur demander !
Soutien financier
Énergie Partagée a bénéficié d’un soutien financier du Fonds Social Européen pour l’élaboration de cette page web.