Le monde selon Hulot – De Enercoop à Total, l’énergie passe au vert
Article de Concepcion Alvarez - Lors de sa démission, Nicolas Hulot a confessé sa solitude et son incapacité à mettre en marche un nouveau modèle. Mais dans plusieurs secteurs des petites entreprises montrent la voie et influencent la stratégie des grands groupes. Le secteur de l’énergie...
Le secteur de l’énergie a été bouleversé ces dernières années avec l’arrivée sur le marché des énergies renouvelables de plus en plus compétitives. Parmi les alternatives aux deux opérateurs historiques que sont EDF et Engie, l’une des plus belles réussites est Enercoop.
La coopérative créée sous forme de Scic (Société coopérative d’intérêt collectif) en 2005 compte aujourd’hui 55 000 clients et 150 salariés. Elle est l’une des rares entreprises d’énergie verte à certifier que son électricité provient intégralement d’énergies renouvelables, ne passant pas par le système classique des certificats verts. Elle passe ainsi des accords de gré à gré avec des producteurs locaux qui sont actuellement au nombre de 170.
Avec dix antennes régionales, Enercoop connaît un succès grandissant et a levé 12 millions d’euros, dont 2,5 millions financés par le fonds Novess de la Caisse des dépôts (dont Novethic est une filiale). L’objectif de l’entreprise est désormais d’amplifier son développement avec notamment le développement de nouveaux services énergétiques et l’objectif d’atteindre 150 000 clients à l’horizon 2020.
Transition énergétique citoyenne
Parallèlement à la démocratisation des énergies renouvelables, nous assistons à un véritable accaparement du secteur par les citoyens. Ils sont de plus en plus nombreux à se rassembler pour porter leur propre projet d’énergies renouvelables sur leur territoire, en lien avec les collectivités locales, dessinant une France de l’énergie décentralisée, à contre-courant du modèle nucléaire.
Pour accompagner ces projets de transition énergétique citoyenne, Energie Partagée a vu le jour en 2010. L’association s’est dotée d’une société d’investissement solidaire, qui collecte des fonds privés auprès des citoyens. En mars dernier, le cap des 15 millions d’euros avait été dépassé. Et au total, 270 projets ont vu le jour.
À marche forcée
Ces modèles sont venus bousculer les acteurs historiques. À marche forcée, ils n’ont pas tardé à se tourner eux aussi vers les énergies vertes. Total a ainsi annoncé il y a un an vouloir devenir le troisième électricien français en ne distribuant que de l’électricité d’origine renouvelable avec Total Spring. Le cinquième pétrolier mondial veut opérer 5 GW de production d’électricité renouvelables d’ici 2022. Pour cela, il compte sur l’expertise de Lampiris et de Direct Energie, deux entreprises qu’il a rachetées.
EDF n’est pas en reste avec le lancement d’un plan solaire de 25 milliards d’euros en France. L’électricien veut déployer 30 GW de solaire dans l’Hexagone d’ici 2035, contre 8 GW actuellement. Nous assistons aujourd’hui à une véritable bataille des offres vertes, alimentées massivement par le parc de grands barrages hydroélectriques du territoire.