Photovoltaïque au sol et protection de la biodiversité ne sont pas incompatibles, encore moins sur des projets citoyens
Énergie Partagée co-signe la tribune portée par l’association négaWatt, le Réseau Cler, et l’association EnR pour tous, appelant à ne pas suspendre le développement des parcs photovoltaïques au sol.
Cette tribune intervient en réponse à une précédente tribune publiée dans Libération, réclamant un moratoire qui s’appliquerait à toutes les centrales au sol ; et marquerait un coup d’arrêt pour toute une filière, sans aucune différenciation entre les projets quelles que soient leurs spécificités.
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Énergie Partagée vous propose ci-dessous une synthèse des principaux éléments de la tribune et explique comment les enjeux locaux, environnementaux et agricoles sont pris en compte dans les projets citoyens de PV au sol.
La protection de la biodiversité, indissociable du développement des EnR
Une urgence de premier plan
Nous partageons le constat alarmant d’un effondrement de la biodiversité, et la nécessité de le traiter au même niveau d’urgence que la lutte contre les bouleversements climatiques. Ces deux symptômes proviennent d’une même crise écologique, provoquée par nos modes de vie basés sur l’extractivisme et l’accumulation illimitée de richesses.
Nous partageons également le constat amer de l’absence de la sobriété dans les politiques publiques. L’association négaWatt a été la première à introduire cette notion de sobriété dans le monde de l’énergie, et à la placer comme un impératif des stratégies visant la neutralité carbone.
Une emprise minimale sur les espaces naturels
Les accusations visant la filière photovoltaïque au sol au motif qu’elle détruirait la biodiversité découlent d’une inquiétude légitime, mais nous semblent très éloignée de la réalité ; aussi bien au sujet des surfaces concernées que de la réversibilité des équipements.
Dans son étude “Transitions 2050”, l’Ademe envisage de 90 à 140 GW pour atteindre la neutralité carbone en France en 2050. Une valeur qui ne pourra pas être atteinte uniquement avec des installations en toitures ou en ombrières, pour des raisons techniques, économiques et réglementaires. Le photovoltaïque au sol représenterait à cet horizon de 35 à 85 GW, soit l’utilisation de 75 000 à 125 000 hectares ; ce qui représente seulement 1 à 2 % des espaces naturels (ou 0,1 à 0,2 % du territoire en France continentale).
Aussi, la majorité des installations se trouveront sur des terrains dégradés et anthropisés, ou seront développés en agrivoltaïsme, ce qui limitera les espaces naturels utilisés à quelques dizaines de milliers d’hectares (en comparaison 900 000 hectares sont dédiés aux biocarburants, bien moins efficaces pour la transition énergétique). Cet ordre de grandeur est donc très éloigné des 150 000 ha évoqués.
Le photovoltaïque au sol, une filière de plus en plus encadrée
La filière photovoltaïque au sol est de mieux en mieux encadrée. Depuis 2023, la loi APER (Accélération de la Production des Énergies Renouvelables) interdit tout défrichement de plus de 25 hectares pour l’installation de parcs photovoltaïques. En parallèle, des garde-fous réglementaires contraignent les installations pour s’assurer qu’un parc photovoltaïque au sol ne détruira pas les milieux naturels. Par exemple, des techniques peu invasives, comme l’utilisation de pieux battus ou vissés, sont priorisées pour supporter les rangées de panneaux.
Le respect des enjeux locaux, environnementaux et agricoles au cœur des projets citoyens de PV au sol
La charte photovoltaïque au sol d’Énergie Partagée
Assurer la bonne intégration des projets photovoltaïques au sol dans les territoires est un réel enjeu. Les meilleures pratiques en matière de développement de projets d’énergies renouvelables doivent être généralisées. Et cela doit inclure la préservation de la faune et la flore des espaces agricoles, naturels et forestiers.
Afin d’orienter les porteurs de projets en ce sens, nous avons publié en 2023 une charte de repères et de points de vigilance à intégrer au développement des parcs photovoltaïques au sol. Elle répond aux enjeux environnementaux et agricoles spécifiques à cette filière, par des critères comme l’évitement d’espaces sensibles ou encore l’implantation réfléchie des panneaux.
Cette charte vient également étoffer le label Énergie Partagée, en posant des conditions à la labellisation de tout projet s’installant sur des espaces agricoles ; et en accordant une place dédiée et pérenne aux exploitant·es agricoles dans la gouvernance des projets.
La Charte Photovoltaïque au sol d’Énergie Partagée
Cette charte propose des repères de qualité et de progression à l’attention des collectivités, collectifs ou professionnels des EnR, porteurs de…
Solaris Civis : l’exemple d’un projet conciliant protection de la biodiversité et production énergétique durable
En effet, développer des parcs photovoltaïques au sol respectant l’environnement apporte de nombreux bénéfices pour le territoire. Développé en adéquation avec les enjeux écologiques locaux, un parc au sol peut devenir un refuge pour les oiseaux, insectes, reptiles ou batraciens.
Le parc photovoltaïque au sol Solaris Civis, situé à Ventabren, illustre de manière concrète la possibilité de produire de l’énergie renouvelable en respectant les enjeux du territoire.
La superficie du parc a été réduite pour limiter son impact, et les acteurs de la protection environnementale (FNE, la Ligue de Protection des Oiseaux, le Conservatoire d’Espaces Naturels de PACA et les associations de chasseurs) ont été intégrés dès les débuts du projet. Grâce à cette démarche volontariste de réduction des impacts, France Nature Environnement a apporté son soutien au projet à travers une lettre de soutien adressée aux autorités préfectorales.
Coopérons pour assurer un avenir énergétique durable
La transition énergétique est indispensable pour limiter le changement climatique et créer un modèle soutenable de production et de consommation. L’association négaWatt, rédactrice de la tribune co-signée par Énergie Partagée, rappelait déjà en 2017 dans son scénario 2017-2050, la nécessité d’associer le développement des énergies renouvelables à la sobriété et l’efficacité énergétique.
De plus, les objectifs nationaux sont clairs : d’ici à 2030, 33 % de la consommation finale brute d’énergie doit provenir de sources renouvelables. Ces dernières années, les initiatives se multiplient, mais cet ensemble ne comptait que pour 22 % de la consommation finale brute d’énergie en 2023. Les prochaines années seront donc décisives pour le développement des projets d’énergies renouvelables.
Ainsi, il est nécessaire d’accélérer la transition énergétique en respectant les territoires et leur environnement. Face aux multiples impacts du changement climatique, défendons nos ambitions communes pour assurer un futur durable.