Solaris Civis

Des habitants ont convaincu la commune de Ventabren de les soutenir pour développer un parc photovoltaïque au sol. En fonction depuis mars 2023, l’initiative s'inscrit dans une vision plus large : reconquête énergétique et agricole d'une friche, politique "énergie positive" communale…

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Solaris Civis

Bouches-du-Rhône

Le projet en un clin d'œil

Émergence
Développement
Construction
Exploitation
Un parc photovoltaïque au sol sur un terrain en friche enclavé entre autoroute et ligne TGV. L’installation est en fonctionnement depuis avril 2023.
Puissance 5 000 kW
Production 8 170 MWh
par an
La consommation électrique annuelle de 6 924 personnes (hors chauffage et eau chaude sanitaire)
Budget 4 800 000 €
Investissement Énergie Partagée dans la structure porteuse 532 700 €
VENTABREN
Bouches-du-Rhône (13)

L'avancée du projet

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Message du porteur de projet

William Vitte

L'énergie est le challenge du XXIe siècle. Le bon sens, allié fidèle du développement durable, conduit à produire et à consommer sur place. Si chaque village, avec la participation des citoyens, réalise la transition énergétique, alors la France l'aura également réalisée.

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L’énergie solaire pour revaloriser un terrain dégradé et enclavé

Terrain d'implantation de la centrale solaire Solaris Civis

À l’origine, il y avait juste 53 hectares de broussailles, enclavés entre une autoroute (à 50 m au sud), où passent en moyenne 62 000 véhicules par jour, et une ligne TGV (à 500 m au nord)…  Entièrement brûlé par un grand incendie en 1986, le terrain n’a jamais été reboisé par l’ONF.

Désormais, la reconquête énergétique et agricole de cette friche est chose faite, grâce à l’association Ventabren Demain et au parc photovoltaïque, en exploitation depuis mars 2023, dont elle a impulsé le projet en 2015.

Développer une centrale solaire avec
100 % de contrôle citoyen

Logo de la SAS Solaris Civis

Solaris Civis est le premier grand parc photovoltaïque financé sans implication d’un opérateur privé dans son développement. Les citoyens et la commune maitrisent à 100 % la gouvernance du projet.

Au départ, les membres de Ventabren Demain pensaient confier la conduite du développement du parc photovoltaïque à une entreprise spécialisée, qui porterait le risque inhérent à cette phase de projet, mais demanderait en contrepartie une rémunération et d’avoir voix au chapitre dans la gouvernance.

William Vitte explique : « On a mis en concurrence et auditionné de nombreux développeurs sur la base d’un cahier des charges avec des exigences fortes en termes de contrôle citoyen et de minimisation de l’impact environnemental. On a reçu 15 candidatures et auditionné 6 développeurs. » Au final, constatant que les avantages d’un développeur ne valaient pas leurs coûts, les fondateurs de Solaris Civis ont décidé d’achever le développement eux-mêmes et de candidater seuls à l’appel d’offres de la Commission de Régulation de l’Énergie.

Les porteurs de projet du parc solaire citoyen de Ventabren

C’est que le collectif a pu compter sur des compétences solides et variées. William ne tarit pas d’éloges pour cette équipe « compétente et motivée, dont chaque membre sait se rendre disponible quand il le faut ». Et d’ajouter : « Sans les compétences d’administrateur d’Éric Rouzaud ou celles de financier de Michel Groisne, je ne pense pas qu’on aurait été en capacité de porter le projet sans un développeur. »

Les « Solariens » ont choisi de recourir seulement à une prestation d’Assistance à Maîtrise d’Ouvrage (AMO) pour la conception du parc. Et c’est un membre actif de Ventabren Demain, Gilles Besson, urbaniste et architecte de profession, qui s’est chargé de monter le dossier de demande de permis de construire.

Ainsi, fort de leurs ressources et capacités propres, les citoyens à l’initiative du projet conservent la maîtrise de sa gouvernance, au côté de la commune et d’Énergie Partagée !

© Yann Villaret

Solaris Civis : une centrale solaire au sol qui respecte l'environnement

Le potentiel initial du site atteignait 12 MW (plus du double !), mais les initiateurs du projet ont choisi de limiter la puissance de l’installation pour réduire son impact environnemental. William Vitte, à l’initiative du projet et président de Solaris Civis, précise : « Afin de minimiser l’emprise au sol du parc solaire, on a décidé de l’équiper de panneaux solaires à haut rendement. On a la chance de compter parmi nous un directeur de Schneider Electric, Xavier Roulleau, qui est spécialiste du photovoltaïque. Alors pour étudier à fond les solutions techniques, on était parés ! » Et pour ne pas devoir tirer des câbles jusqu’au poste électrique d’Éguilles distant de 4 km, ils ont trouvé une solution ingénieuse avec ENEDIS : un raccordement au réseau par une connexion sur une ligne aérienne de 20 kV qui passe à 400 m à peine.

La démarche volontariste de ces Ventabrennais en matière de respect de l’environnement et d’ancrage local fort a même incité France Nature Environnement PACA à adresser aux autorités préfectorales une lettre de soutien au projet Solaris ! L’énergie photovoltaïque au sol, « oui, mais pas à tout prix et pas n’importe comment », dixit FNE, même dans la région la plus ensoleillée de France. L’association est vigilante, et a édicté une charte de critères pour les projets de centrales solaires au sol.

Solaris Civis voulait être exemplaire en la matière, et a donc associé à l’élaboration du projet, très en amont, les acteurs de la protection de l’environnement (FNE, la Ligue de Protection des Oiseaux, le Conservatoire d’Espaces Naturels de PACA) et les associations de chasseurs.

Ce projet citoyen illustre de façon concrète comment il est possible de développer des installations solaires au sol d’envergure en respectant les enjeux du territoire, et en conciliant énergie et agriculture. Depuis, Énergie Partagée a prolongé son attention à ces questions en élaborant, à partir d’une consultation auprès de nombreux acteurs, sa Charte « Photovoltaïque au sol », qui promeut des critères de vigilance et d’exclusion, ainsi que des bonnes pratiques, pour conjuguer le développement du photovoltaïque au sol avec la préservation des espaces agricoles, naturels et forestiers.

Solaris Civis concilie énergie renouvelable et reconquête agricole

Photo aérienne du site de la Bastide de Château-Blanc

La vénérable bastide de Château-Blanc (ci-contre), vieille de quelques siècles, a légué son nom à ce vaste terrain, son ancien domaine désormais en friche. Un joli nom qui évoque une Provence de carte postale. Mais à part le corps de ferme et 3,5 ha d’oliviers replantés par la mairie après l’incendie de 1986 et entretenus par un bénévole, William Vitte le déplorait : « Il y a quelques années, il ne restait plus grand-chose de la vocation agricole initiale de cette cinquantaine d’hectares. »

Sur les 47 ha de friche hors du périmètre clôturé, des zones naturelles ont évidemment été préservées. Logique pour ce terrain, situé au bout d’une zone Natura 2000 malgré l’absence d’espèces remarquables et les impacts forts que l’autoroute et le TGV, à proximité immédiate, exercent sur le site. De plus, en collaboration avec l’ONF, Solaris Civis a pris toutes les mesures nécessaires pour préserver une espèce végétale protégée, l’ophrys provincialis.

Le projet permet la reconquête agricole de terrains pauvres et à l’abandon avec une culture d’oliviers adaptée à l’aridité locale, une dimension du projet qui a été élaborée en concertation avec l’ONF et la Chambre d’agriculture départementale.

Depuis septembre 2021, deux agriculteurs (Lisa Bajolle et Jérémy Troponi) exploitent chacun la moitié des 600 oliviers, jusqu’alors laissés en déshérence, qui ont été transplantés à distance de la pollution générée par l’autoroute et sur des parcelles irriguées au goutte-à-goutte. Cette activité permet la production d’une huile d’olive bio de haute qualité, aux propriétés nutritionnelles uniques (teneur élevée en polyphénols anti-oxydants) et sous AOP (Appellation d’Origine Protégée) Huile d’Olive d’Aix-en-Provence.

Taille des oliviers sur le terrain d’origine. Crédit : Yann Villaret.

Ventabren : un modèle de collaboration entre citoyens et municipalité

Le développement du parc est porté par la société de projet Solaris Civis, fondée conjointement par l’association Ventabren Demain que William préside, par Énergie Partagée et par la commune de Ventabren.

L’association Ventabren Demain (reconnue d’intérêt général et agréée pour la protection de l’environnement) a commencé à impulser le projet Solaris en 2008. « Au fil des rencontres avec les élus, on a su convaincre la municipalité de l’intérêt du projet. Le maire de Ventabren, Claude Filippi, a pleinement compris les enjeux de la transition énergétique, et la commune s’est fortement engagée à nos côtés, à un niveau assez exceptionnel ! » se réjouit William Vitte. Ainsi, Ventabren a financé toutes les études nécessaires au projet en phase de développement (études de faisabilité, paysagère, de risques, d’impact environnemental, …), à hauteur de 158 000 €. Et l’élu adjoint au développement durable, Yann Villaret, est au nombre des co-fondateurs du projet Solaris.

Une délégation de Solaris Civis visite l'écoquartire de Bonne à Grenoble

L’action de Ventabren Demain a aussi joué un rôle de catalyseur, incitant la commune de Ventabren à s’atteler à l’élaboration d’une politique énergétique vertueuse. Depuis 2017, Ventabren est labellisée Territoire à Énergie Positive pour la Croissance Verte (TEPCV). Son ambition ? Devenir une commune à énergie positive d’ici 15 ans !

Créée en 2015, une commission extra-municipale sur l’énergie, qui réunit élus, services techniques, membres de Ventabren Demain et habitants, a également planché sur l’aménagement de l’écoquartier de L’Héritière (ci-contre, une délégation de l’association visite l’écoquartier de Bonne, à Grenoble). Le pôle « Petite enfance » (crèche, école maternelle et primaire, restaurant) du quartier est même un bâtiment à énergie positive.

Logo de l'association Ventabren Demain

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