
Solaris Civis
Des habitants ont convaincu la commune de Ventabren de les soutenir pour développer une centrale solaire au sol. Le projet s'inscrit dans une vision plus large : reconquête énergétique et agricole d'une friche, politique "énergie positive" communale… À Ventabren, demain c'est déjà aujourd'hui !
Solaris Civis
Bouches-du-Rhône

Financé par Énergie Partagée
Ce projet bénéficie d'un investissement d'Énergie Partagée. Sa démarche citoyenne (l’intérêt territorial, la dynamique locale, la finance éthique et citoyenne, la gouvernance partagée et l'écologie) et sa solidité technico-économique ont été examinées par le réseau Énergie Partagée.
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Financé par Énergie Partagée
Ce projet bénéficie d'un investissement d'Énergie Partagée. Sa démarche citoyenne (l’intérêt territorial, la dynamique locale, la finance éthique et citoyenne, la gouvernance partagée et l'écologie) et sa solidité technico-économique ont été examinées par le réseau Énergie Partagée.
Message du porteur de projet

L'énergie est le challenge du XXIe siècle. Le bon sens, allié fidèle du développement durable, conduit à produire et à consommer sur place. Si chaque village, avec la participation des citoyens, réalise la transition énergétique, alors la France l'aura également réalisée.
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Le projet

53 hectares de broussailles, enclavés entre une autoroute (à 50 m au sud), où passent en moyenne 62 000 véhicules par jour, et une ligne TGV (à 500 m au nord)… Deux antennes relai de téléphonie mobile s’élèvent, incongrues au milieu de la végétation. Entièrement brûlé par un grand incendie en 1986, le terrain n’a jamais été reboisé par l’ONF.
La reconquête énergétique et agricole de cette friche se profile désormais, grâce à l’association Ventabren Demain et son projet de centrale solaire. Une fois implanté sur la zone, le parc photovoltaïque Solaris totalisera 5 MW de puissance sur une surface d’environ 6 ha seulement. Il produira 7800 MWh par an.
Les acteurs du projet et de sa gouvernance citoyenne
- citoyens réunis dans l’association Ventabren Demain
- municipalité de Ventabren
- Énergie Partagée
Une société dédiée au portage du projet, la SAS Solaris Civis, a été créée fin décembre 2017.
Solaris Civis : une centrale solaire au sol qui respecte l’environnement

Le potentiel initial du site atteignait 12 MW (plus du double !), mais les initiateurs du projet ont choisi de limiter la puissance de l’installation pour réduire son impact environnemental. William Vitte, co-fondateur et président de Ventabren Demain, précise : « Afin de minimiser l’emprise au sol du parc solaire, on a décidé de l’équiper de panneaux solaires à haut rendement. On a la chance de compter parmi nous un directeur de Schneider Electric, Xavier Roulleau, qui est spécialiste du photovoltaïque. Alors pour étudier à fond les solutions techniques, on est parés ! » Et pour ne pas devoir tirer des câbles jusqu’au poste électrique d’Éguilles distant de 4 km, ils ont trouvé une solution ingénieuse avec ENEDIS : un raccordement au réseau par une connexion sur une ligne aérienne de 20 kV qui passe à 400 m à peine.
La démarche volontariste de ces Ventabrennais en matière de respect de l’environnement et d’ancrage local fort a même incité France Nature Environnement PACA à adresser aux autorités préfectorales une lettre de soutien au projet Solaris ! L’énergie photovoltaïque au sol, « oui, mais pas à tout prix et pas n’importe comment », dixit FNE, même dans la région la plus ensoleillée de France. L’association est vigilante, et a édicté une charte de critères pour les projets de centrales solaires au sol.
Solaris Civis veut être exemplaire en la matière, et a associé à l’élaboration du projet, très en amont, les acteurs de la protection de l’environnement (FNE, la Ligue de Protection des Oiseaux, le Conservatoire d’Espaces Naturels de PACA) et les associations de chasseurs.
De la friche à l’écoparc : énergie, agriculture et nature

La vénérable bastide de Château-Blanc (ci-contre), vieille de quelques siècles, a légué son nom à ce vaste terrain, son ancien domaine désormais en friche. Un joli nom qui évoque une Provence de carte postale. Mais à part le corps de ferme et 3,5 ha d’oliviers replantés par la mairie après l’incendie de 1986 et entretenus par un bénévole, William Vitte le déplore : « À l’heure actuelle, il ne reste plus grand-chose de la vocation agricole initiale de cette cinquantaine d’hectares. »
Alors, pour Ventabren Demain et Solaris Civis, pas question de se contenter des seuls panneaux solaires ! Au sein du parc photovoltaïque lui-même, clôturé par un grillage à larges mailles qui laissera passer la faune de petite taille, les moutons d’une bergère du village viendront paître à l’ombre des panneaux. Un apiculteur du village voisin de Coudoux est également partant pour y installer une centaine de ruches.
Sur les 47 ha de friche hors du périmètre clôturé, des zones naturelles seront évidemment préservées. Logique pour ce terrain, situé au bout d’une zone Natura 2000 malgré l’absence d’espèces remarquables et les impacts forts que l’autoroute et le TGV, à proximité immédiate, exercent sur le site.
À plus long terme, un jardin de plantes médicinales est envisagé, ainsi qu’un jardin d’épices. Une activité d’écotourisme serait également concevable pour valoriser les différentes activités sur le site. En effet, l’aire d’autoroute de Ventabren Nord est mitoyenne, et il serait aisé d’aménager un accès à l’écoparc.
Faire du risque d’incendie une opportunité pour Ventabren

Dans cette région aride, le risque d’incendie est une réalité très concrète. La solution évidente, ce serait le défrichement. Mais les acteurs du projet Solaris étudient désormais la possibilité de prévenir les incendies grâce à… des vignobles et des oliveraies, qui pourraient rendre au terrain (hors du parc solaire) sa vocation agricole ! C’est que la vigne et les oliviers sont des pare-feux extraordinaires.
William Vitte raconte : « Dans notre équipe, on a un ingénieur agronome et œnologue, Edmond Meroni, qui a fait sa carrière à la chambre d’agriculture. Il a déjà implanté des vignobles pare-feux dans le massif de la Sainte-Victoire. Et depuis un an, nous sommes en contact avec un jeune vigneron du Pays d’Aix, qui a déjà un vignoble sur Ventabren. Il est très intéressé pour prendre en charge un nouveau vignoble sur le site de Château-Blanc. »
Ce projet de reconquête agricole de la friche est d’autant plus pertinent que le territoire est classé en AOC (appellation d’origine contrôlée) Côteaux d’Aix pour le vin, et en AOP (appellation d’origine protégée) Huile d’Olive d’Aix-en-Provence.
Ventabren : un modèle de collaboration entre citoyens et municipalité
Le développement du parc est porté par la société de projet Solaris Civis, fondée conjointement par l’association Ventabren Demain que William préside, par Énergie Partagée et par la commune de Ventabren.
L’association Ventabren Demain (reconnue d’intérêt général et agréée pour la protection de l’environnement) a commencé à impulser le projet Solaris en 2008. « Au fil des rencontres avec les élus, on a su convaincre la municipalité de l’intérêt du projet. Le maire de Ventabren, Claude Filippi, a pleinement compris les enjeux de la transition énergétique, et la commune s’est fortement engagée à nos côtés, à un niveau assez exceptionnel ! » se réjouit William Vitte. Ainsi, Ventabren finance toutes les études nécessaires au projet en phase de développement (études de faisabilité, paysagère, de risques, d’impact environnemental, …), pour un investissement total qui devrait atteindre les 100 000 €. Et l’élu adjoint au développement durable, Yann Villaret, est au nombre des co-fondateurs du projet Solaris.

L’action de Ventabren Demain a aussi joué un rôle de catalyseur, incitant la commune de Ventabren à s’atteler à l’élaboration d’une politique énergétique vertueuse. Depuis 2017, Ventabren est labellisée Territoire à Énergie Positive pour la Croissance Verte (TEPCV). Son ambition ? Devenir une commune à énergie positive d’ici 15 ans !
Créée en 2015, une commission extra-municipale sur l’énergie, qui réunit élus, services techniques, membres de Ventabren Demain et habitants, planche d’ores et déjà sur l’aménagement du futur écoquartier de L’Héritière (ci-contre, une délégation de l’association visite l’écoquartier de Bonne, à Grenoble). William Vitte et ses acolytes de la commission visent la labellisation « Écoquartier de France », et étudient l’implantation en toiture de panneaux solaires, de petites éoliennes et de végétalisations. Le pôle « Petite enfance » (crèche, école maternelle et primaire, restaurant) du quartier sera un bâtiment à énergie positive.
Développer une centrale solaire avec 100 % de contrôle citoyen
Au départ, les membres de Ventabren Demain pensaient confier la conduite du développement du parc photovoltaïque à une entreprise spécialisée, qui porterait le risque inhérent à cette phase de projet, mais demanderait en contrepartie une rémunération et d’avoir voix au chapitre dans la gouvernance.
William Vitte explique : « On a mis en concurrence et auditionné de nombreux développeurs sur la base d’un cahier des charges avec des exigences fortes en termes de contrôle citoyen et de minimisation de l’impact environnemental. On a reçu 15 candidatures et auditionné 6 développeurs. » Au final, constatant que les avantages d’un développeur ne valaient pas leurs coûts, les fondateurs de Solaris ont décidé d’achever le développement eux-mêmes et de candidater seuls à l’appel d’offres de la Commission de Régulation de l’Énergie.
C’est que le collectif peut compter sur des compétences solides et variées. William ne tarit pas d’éloges pour cette équipe « compétente et motivée, dont chaque membre sait se rendre disponible quand il le faut ». Et d’ajouter : « Sans les compétences d’administrateur d’Éric Rouzaud ou celles de financier de Michel Groisne, je ne pense pas qu’on serait en capacité de porter le projet sans un développeur. »
Les « Solariens » ont choisi de recourir seulement à une prestation d’Assistance à Maîtrise d’Ouvrage (AMO) pour la conception du parc. Et c’est un membre actif de Ventabren Demain, Gilles Besson, urbaniste et architecte de profession, qui se charge de monter le dossier de demande de permis de construire.
Ainsi, fort de leurs ressources et capacités propres, les citoyens à l’initiative du projet conservent la maîtrise de sa gouvernance… au côté des futurs actionnaires citoyens !
