Polytechnique, HEC, Centrale Nantes, AgroParisTech, ENSAT … : ces jeunes diplômés de l’enseignement supérieur qui regardent en face l’urgence écologique
Depuis 2018, les initiatives individuelles et surtout collectives d’étudiant·es de l’enseignement supérieur en réaction à l’urgence climatique se multiplient. Face à leurs pairs, leur prédécesseurs, leurs professeurs et dans le débat public, ils prennent la parole et leurs responsabilités.
Une initiative fondatrice : le Manifeste étudiant pour un réveil écologique
En septembre 2018, des étudiant·e·s de différents établissements de l’enseignement supérieur (en particulier HEC Paris, AgroParisTech, CentraleSupélec, Polytechnique et l’École Normale Supérieure Ulm) lançaient le Manifeste étudiant pour un réveil écologique. Plus de 33 000 étudiant·es de quelque 400 établissements l’ont signé.
Dans la continuité de ce manifeste, le collectif Pour un réveil écologique continue d’agir depuis, en particulier autour des enjeux liés à l’enseignement et à la formation (avec des initiatives comme la plateforme Enseignement et transition écologique, pour aider étudiant·es et enseignant·es à repenser les programmes de formation au prisme des enjeux écologiques), mais aussi avec des actions de plaidoyer en direction du personnel politique.
Des diplômés pris entre l’urgence écologique et le modèle productiviste
2018 : une étincelle allume la mèche à Centrale Nantes
En novembre 2018, un premier discours d’étudiant lors de sa remise de diplôme fait le buzz, récoltant depuis plus de 385 000 vues sur YouTube. C’est la prise de parole de Clément Choisne, que les dirigeants de l’école découvrent en direct…
L’éthique, c’est ce que doit retrouver l’ingénieur, et ne pas perpétuer les erreurs du passé et du sacro-saint progrès qui devrait et pourrait toujours nous sauver.
Le jeune homme, qui depuis explore des voies de traverse et a participé à la fondation de l’Observatoire de la post-croissanse et de la décroissance, exprimait sans fard son malaise face au modèle promu par son école : « Comme bon nombre de mes camarades alors que la situation climatique et les inégalités de notre société ne cessent de s’aggraver que le GIEC pleure et que les êtres se meurent, je suis perdu, incapable de me reconnaître dans la promesse d’une vie de cadre supérieur en rouage essentiel d’un système capitaliste de surconsommation. »
À HEC ou Polytechnique, un malaise partagé dans d’autres grandes écoles
Une sensation dont se souvenait également Anne-Fleur Goll lors de son discours de remise des diplômes à HEC en juin dernier : « Après quelques mois d’insouciance campusarde à HEC, j’ai ressenti un profond malaise en prenant conscience que les métiers vers lesquels menaient mes études étaient la principale cause de cet effondrement environnemental. »
Fin juin, les élèves de la promotion 2015 de Polytechnique revenaient de « 4 ans à chercher sa voie, se perdre, penser avoir trouvé, pour bifurquer à nouveau. 4 ans également de crises sociales, de pandémie, de guerre, et de signaux toujours plus nets des dérèglements climatiques en cours. 4 ans pour prendre conscience de tout cela, pour y réfléchir, et pour mûrir. »
Prenant la parole lors de leur remise de diplôme, ils pointent l’incohérence massive ressentie pendant leur formation : « Un nombre croissant d’entre nous ressentent une dissonance aiguë entre ce modèle de réussite matérialiste, et la conscience de ses impacts sociaux et environnementaux. Entre notre formation qui vise à perpétuer un monde sans fin, et le fait que notre extractivisme épuise toujours plus les ressources planétaires. »
« Je n’ai pas fait de discours lors de ma remise des diplômes, mais je l’ai regretté. C’était un moment assez déprimant. Tous les messages manquaient de prise de recul et de portée critique. On présentait des parcours d’étudiants tournés vers des start-up, mais complètement déconnectés des enjeux. »
Choisir entre "business as usual", agir de l’intérieur, bifurquer ou déserter...
Une lucidité partagée sur la gravité de l’urgence écologique et climatique
Des élèves de la promotion 2016 de Polytechnique interpellent leurs condisciples en posant les enjeux on ne peut plus clairement : « Effondrement de la biodiversité, déstabilisation des écosystèmes et par ricochet de la société : migrations forcées, famines, guerres, jusqu’à la mort de millions de personnes. Avec tout ça, dans quel futur suis-je censé me projeter ? Tu penses que tout ça n’aura aucun impact sur ta vie professionnelle ? En fait, avec tes projets de carrière tout faits, t’es un peu dans le déni non ? Le déni n’est plus une option. On ne parle pas d’un futur lointain et hypothétique, de « peut-être », de scénarios. On parle d’aujourd’hui. »
Les choix radicaux des étudiants en agronomie : AgroParisTech, ENSAT, ENSAIA, ...
Le 30 avril 2022, huit diplômé·es d’AgroParisTech prennent position avec un discours radical, appelant leurs pairs à « déserter » : ils et elles ont « décidé de chercher d’autres voies, de refuser de servir ce système et de construire nos propres chemins. » L’une pratique l’agriculture vivrière collective sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ; l’un s’installe en tant qu’apiculteur ; deux autres vivent en collectif dans une ferme Terre de Liens ; d’autres s’engagent sous d’autres formes. Leur prise de parole a déjà été vue plus de 900 000 fois.
Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir faire mine d'être fières et méritantes d'obtenir ce diplôme à l'issue d'une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours.
Les étudiant·es de l’ENSAT (École Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse), qui affirment leur soutien à leurs camarades d’AgroParisTech, mettent en avant l’idée de bifurcation : « Bifurquer, c’est oser regarder le monde tel qu’il est, avoir le courage de marcher là où il n’y a pas de chemin. C’est tenter de changer de cap, rechercher la cohérence à un croisement complexe. […] Bifurquer, c’est aussi suivre son éthique dans le monde professionnel. Quitter des projets aux réponses court-termistes, qui résultent plus à conforter les activités de structures polluantes que d’impliquer un réel changement de paradigme. »
Ces jeunes diplômé·es refusent de travailler pour les grandes entreprises de l’agro-alimentaire, car « les ravages sociaux et écologiques de cette industrie ne sont plus à démontrer ». Pour ne pas rejoindre leurs rangs, il leur faut bifurquer. « Nous refusons de croire qu’un ou qu’une ingénieur.e peut “changer les choses de l’intérieur” au sein d’une entreprise ultra libérale dont l’unique boussole, et bien largement majoritaire, est la recherche du profit. »
La bifurcation s’illustre aussi par des parcours individuels, à l’instar de celui de Marie Jaudoin, diplômée de l’ENSAIA (École Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires) qui s’est depuis reconvertie en tant que coach pour accompagner les personnes LGBT+.
Lors de sa remise de diplôme, elle interrogeait : « Les enjeux ? On les connaît : pauvreté, surconsommation, 6ème extinction de masse, … Ce ne sont pas les problèmes qui manquent aujourd’hui. Et va-t-on utiliser notre super cerveau d’ingénieur pour résoudre ces problèmes, ou se taper dessus pour gagner des parts de marché ? Bref, si on remplaçait le jeu de la concurrence par celui de la coopération ? »
Nous voulons trouver du sens, être motivé.e.s par une cause juste, et mettre nos nombreuses années d’enseignement public au service de combats qui servent le bien commun. Demandons-nous à qui profite l’énergie mobilisée par notre travail.
À HEC : changer d’entreprise ? changer les entreprises ?
Camille Fournier, diplômée de HEC, a passé une année à se former à l’agriculture sur le terrain, et travaille désormais pour l’entreprise Eloi qui veut faciliter l’installation de jeunes agriculteurs en agroécologie et inverser la tendance lourde à l’agrandissement perpétuel des exploitations.
« Grâce à notre diplôme, nous avons la chance d’être celles et ceux qui peuvent provoquer le changement. En fait, c’est notre responsabilité, à tous. De remettre en cause ce qu’on a appris, faire des bons choix. Mais aussi et surtout, osons dire NON. Dire NON à une banque qui propose un salaire démentiel mais dont les projets vont à l’encontre de nos convictions. Dire NON à une mission qui piétine la biodiversité. Dire NON au greenwashing, NON à prendre l’avion pour une réunion d’affaires, NON à un buffet délirant plein d’ananas et de saumon. »
Merci aux investisseurs et aux financiers qui redirigeront les flux de capitaux hors des énergies fossiles et vers les projets de la transition. Merci aux salariés et consultants qui refuseront les missions écocides et les voyages d’affaires en avion. Merci aux thésards et chercheurs qui exploreront de nouveaux modèles de décroissance sobres et prospères. Merci aux militants et aux déserteurs, qui repousseront les limites de ce qui est considéré comme extrême, pour mieux nous inspirer dans l’action.
Lors de son discours de remise de diplôme à HEC, Anne-Fleur Goll explique à ses camarades avoir « choisi un métier dans la transition pour me joindre à ce mouvement collectif. Il me donne de la force au quotidien, apaise mon écoanxiété, et accroît ma conviction que plus nous serons nombreux à travailler dans cette même direction, plus vite nous irons. »
Cette jeune femme qui revendique ne pas pouvoir « accepter que l’impact biodiversité d’un projet se compte simplement en nombre de ruches dans un joli rapport RSE » explique à Libération : « Au quotidien, j’aide des banques ou des assureurs à prendre en compte la transition énergétique dans leurs décisions stratégiques, sur la rénovation de leur parc immobilier par exemple. »
Elle appelle ses camarades à « arrêter de perpétuer un système financier et commercial qui dépasse largement les limites planétaires » et assume son positionnement encore très minoritaire parmi les diplômé·es de la plus prestigieuse des grandes écoles de commerce françaises : « Ce chemin, aujourd’hui seulement emprunté par quelques « rebelles de HEC », doit devenir et deviendra la norme. »
Pour elle, qui assume vouloir changer le système de l’intérieur, « on ne pourra jamais cocher de case « Avons-nous sauvé le monde ? oui/non » C’est une évolution continue dont la direction dépend de chaque rouage du système. […] La question est donc : quel rouage serez-vous ? »
Les étudiant·es déplorent des enseignements déconnectés des enjeux écologiques
En 2018, Clément Choisne déclarait : « Quand sobriété et décroissance sont des termes qui peinent à s’immiscer dans les programmes centraliens mais que de grands groupes industriels à fort impact carbone sont partenaires de mon école, je m’interroge sur le monde et le système que nous soutenons. Je doute et je m’écarte. »
À la faveur d’un entretien avec la journaliste Coralie Schaub, publié par Libération, le jeune homme complète l’éclairage sur les enseignements qui le faisaient réagir : « les enseignements, souvent dispensés par des intervenants travaillant dans de grandes entreprises qui financent l’école, étaient biaisés et pas du tout à la hauteur. Le moteur à combustion interne et les énergies fossiles prenaient le pas sur les renouvelables ; le cours sur le nucléaire n’abordait pas la question de l’extraction de l’uranium, des déchets et des risques ; la notion de développement durable était dévoyée et phagocytée par le système néolibéral… »
Les diplômé·es de Polytechnique de la promotion 2017 dénoncent : « on nous a enseigné les théories économiques néolibérales, tout comme la physique du climat. On nous a forcé au silence lorsque l’image de l’Ecole était en jeu tout en nous encourageant à nous engager. On nous a bombardé de présentations de cabinets de conseils tout en nous vantant le service de l’État. »
Allusion à la lutte qui a opposé le collectif « Polytechnique n’est pas à vendre » à la direction de l’école et à TotalEnergies qui voulait implanter un bâtiment de recherche et développement sur le campus ! La lutte des élèves, anciens élèves, enseignants, chercheurs, élus locaux et associations a payé : l’entreprise a renoncé à son projet. Et au cours de cette même cérémonie de diplôme, lors de laquelle est projetée une vidéo du PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, parrain d’une promotion, Marine Miller et Margherita Nasi du Monde rapportent que la moitié des élèves présents « ont tourné le dos à leur « parrain », quand d’autres l’ont sifflé ».
Quelles valeurs avons-nous envie de démontrer ? On peut faire de l’humain une priorité, on peut faire de l’argent un outil et non une finalité, on peut refuser de travailler pour des entreprises qui accélèrent la crise environnementale.
Sous la pression des étudiant·es, les formations commencent à changer
Le discours de Clément Choisne en 2018 aurait-il contribué à initier des changements substantiels à Centrale Nantes ?
En 2022, Hugo Thuillier, parti pendant ses études sur l’île grecque de Lesbos pour accompagner des réfugiés à l’amélioration de leurs conditions de vie par les low-tech, est diplômé en ingénierie de la transition écologique, salue un professeur pour sa « foi inébranlable dans le rôle de l’ingénieur comme acteur de la décroissance » et d’autres « pour avoir montré qu’il est possible de bousculer les enseignements de spécialité et inclure un cours « matériaux et société » » que l’étudiant a contribué à construire. Les « cours dédiés à la rupture écologique » sont, déclare-t-il, désormais au programme de cette école.
Le jeune homme voudrait pousser plus loin les changements dans la formation : « Je rêve d’un laboratoire low-tech multidisciplinaire à Centrale Nantes où tant de choses bougent déjà. On pourrait travailler sur le recyclage des métaux par énergie solaire concentrée, l’habitat frugal ou la réutilisation des composants informatiques. »
De son côté, Anne-Fleur Goll explique à Libération qu’ « Avec HEC Transition, une association d’anciens étudiants intéressés par l’environnement, on travaille notamment avec l’école sur la refonte des maquettes pédagogiques. » Début juillet, on apprenait d’ailleurs via HEC Transition que « le comité des directions d’HEC Paris se forme aujourd’hui, sur le campus, aux enjeux de la transition écologique et du climat. »
Solidarité, éthique, conscience écologique, sont de belles valeurs pour un futur ingénieur.
Quant aux étudiant·es de l’ENSAT, ils évoquent des enseignements qui ont pris le virage de la transition écologique, et saluent « la chance que nous avons eu de suivre des enseignements publics, bien ancrés dans les réalités de notre temps. […] nous avions abordé en tronc commun la théorie de l’effondrement, bien avant que ce terme ne touche le grand public. Et plus généralement, comme on a pu le dire tout à l’heure, l’ENSAT est réputée pour son engagement dans les enjeux environnementaux. En témoigne l’intérêt croissant pour les spécialisations qui touchent ces domaines-là. »
Ils dessinent des perspectives positives pour la formation des futur·es agronomes : « Que ce soit en questionnant les enseignements, en proposant des alternatives de spécialisation, en se désintéressant des industries lors des journées de l’emploi, la formation est continuellement remise en question et les enseignements sont déjà en mutation. En s’engageant dans la recherche et l’enseignement, ces diplômé.e.s sont les futur.e.s responsables des formations dans les domaines de l’agriculture, l’alimentation ou l’énergie. Ils mettront en avant les idées qui doivent primer, et influeront sur les formations et sur les futur.e.s formé.e.s. Le changement a déjà commencé. »
Effisciences, des étudiants qui veulent rediriger la recherche
Fin mai 2022, Le Monde a publié la tribune fondatrice d’Effisciences, (un collectif d’étudiant·es fondé dans les Écoles Normales Supérieures) qui se donne pour objectif de « revoir nos priorités dans le choix de nos sujets de recherche, en alignant notre pratique scientifique sur les enjeux impérieux de ce siècle. »
La curiosité est une puissante source de motivation, mais elle ne doit pas être notre seule boussole. […]
Le constat de départ est amer : « seulement 10 % de la littérature scientifique mondiale est liée à au moins un des 17 Objectifs de développement durable adoptés par l’ONU. »
Face à cette situation et à l’urgence écologique, les scientifiques ne doivent plus choisir leurs axes de recherche en vase clos, dans la continuité des systèmes existants et à l’écart des grands enjeux de société : « La beauté des sciences est parfois de n’avoir d’autre but que de chercher à saisir la réalité qui nous entoure. Nous sommes sensibles à cet idéal, mais rien ne le condamnerait plus qu’un monde qui a échoué à surmonter les problèmes dont nous parlons. Que restera-t-il du vivant à étudier si nous n’avons rien fait pour l’empêcher de s’effondrer ? »
La question écologique est une question sociale, donc politique
Qui aurait dit, il y a ne serait-ce que cinq ans, que trois promotions successives de Polytechnique, à l’instar des diplômé·es d’autres écoles, affirmeraient aussi clairement que « la crise écologique n’est pas qu’environnementale, elle est aussi sociale. » ?
Un constat limpide : « Notre système actuel, capitaliste et de surconsommation, celui-là même qui est responsable des dérèglements environnementaux, est aussi responsable d’inégalités inacceptables. »
Un appel à la vigilance salutaire : « la réponse ne réside pas uniquement dans les comportements individuels. Plus encore, la question écologique ne peut être dissociée de la question sociale. »
Une conscience aiguë de cette dimension sociale, estimant « inimaginable que les efforts de sobriété qui seront nécessaires pour tenter d’endiguer la crise environnementale soient portés par ceux qui ont déjà du mal à finir les fins de mois. Par ceux pour qui davantage de “sobriété” signifie une perte de confort intolérable. »
À Polytechnique !
Quand on ose poser un regard lucide sur le péril climatique et la fracture sociale en cours, on ne peut que prendre des risques. Le pire serait de continuer comme si de rien n’était.
Enfin, dans l’enceinte même de Polytechnique, un discours public qui politise pleinement la technique : « La technologie à elle seule ne nous sauvera pas. Et rien ne nous garantit que son utilisation ne nuira pas. Pour relever ce défi systémique, remettons de l’humain et du vivant dans le champ trop longtemps aseptisé et déshumanisé des sciences techniques. »
Ces jeunes diplômé·es ont une vision : une société plus sobre et plus juste
Les jeunes diplômé·es ne se bercent pas d’illusions de toute puissance. Tou·tes le savent et le rappellent dans leurs discours : il faut que les dirigeant·es d’aujourd’hui prennent à bras le corps la question écologique.
Vous qui êtes déjà dans les positions de pouvoir que nous aurons peut-être un jour, transformez vos entreprises aujourd’hui, car chaque tonne de CO2 compte.
Mais s’il est une chose où ils et elles affirment toute la force d’une jeunesse déjà empreinte de sagesse, c’est bien dans leur volonté d’oeuvrer à la construction collective d’une société plus sobre, plus égalitaire, plus heureuse. À l’instar de ces Polytechnicien·es de la promo 2016, ils veulent se doter d’imaginaires qui « rendent désirable le futur qu’il nous faut à présent construire ». Ils veulent s’y engager « non par peur mais avec enthousiasme et avec passion. »
Les agronomes de l’ENSAT en appellent à leurs camarades : « En réunissant nos forces, nos bifurcations, il est possible de créer des futurs désirables, plus justes et égalitaires. » À HEC, Camille Fournier et Anne-Fleur Goll renchérissent : « Quel plus beau défi que d’inventer de nouvelles solutions sobres, durables, circulaires ? Quoi de plus excitant que de créer aujourd’hui le monde de demain ? »
Laissons les mots de la fin à ces Polytechnicien·es dont on peut souhaiter qu’ils deviennent bientôt une fraction significative et agissante des « élites dirigeantes » de notre pays : « En parallèle de nos engagements professionnels ou associatifs, nous pouvons montrer l’exemple en adoptant un mode de vie plus sobre, compatible avec le respect des limites planétaires et le faible budget carbone qu’il nous reste à émettre. […] Cette vie plus sobre, ce n‘est pas une vie plus triste ! Au contraire : c’est un retour les pieds sur terre, une opportunité pour ne plus confondre surconsommation et bonheur, multiplicité de choix et liberté. Une opportunité pour renforcer nos relations aux autres, et substituer au capital économique et financier la richesse des liens humains. »
La société que nous voulons n’est pas une société plus dure, plus triste, de privation subie ; c’est une société plus sereine, plus agréable, de ralentissement choisi.
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