Un projet né d’une occasion fortuite

C’est un projet qui aurait pu ne jamais voir le jour. En 2013, la mairie de Saint-Benoît-la-Forêt octroie à IEL, une PME de la région, un permis de construire pour une centrale solaire. Faute d’avoir jamais pu obtenir un accord sur le tarif de rachat de l’énergie, la PME finit par se retirer 4 ans plus tard. Jusqu’à ce que des citoyens aient vent par hasard du projet de reprise lancé par la mairie, lors d’une réunion organisée par un élu local.

Décidé à répondre à l’appel d’offre, le petit groupe présent ce jour-là se structure dans une association, Energies Renouvelables et Citoyennes en Rabelaisie. Lors de la première assemblée générale en février 2018, 55 personnes sont présentes. L’association obtient une promesse de bail négocié avec la commune et un permis de construire. Prochaine étape : trouver un partenaire avec qui déployer l’opération.

Une gouvernance tripartite aux valeurs citoyennes

Mû par une volonté de rassembler agriculteurs, viticulteurs, entreprises locales et citoyens, le collectif avait une exigence : trouver un partenaire industriel qui respecte les valeurs horizontales du projet, sans en priver le territoire en se l’appropriant. Après quelques recherches (et échecs), il en trouve non pas un, mais deux. D’abord le producteur indépendant d’énergie renouvelable CVE. Ensuite, c’est avec Énergie Partagée que le collectif s’entend. L’association fonde alors la SAS REVE37 (Rabelaisie Energies Vertes Ensemble), pour entrer au capital de 2,6 millions d’euros, dont elle détient 20 %. Énergie Partagée détient la même part et CVE les 60 % restants.

Le pacte d’associés assure ainsi l’intégration des citoyens à la conduite du projet et les implique dans toutes les décisions stratégiques. Afin de leur permettre de devenir investisseurs en souscrivant des actions de 100 € auprès de REVE37, Energies Renouvelables et Citoyennes en Rabelaisie a lancé une levée de fonds. 140 000 € déjà collectés ont été investis, et la collecte continue pour renforcer le financement apporté par les citoyens et les acteurs du territoire.

Le projet a pu aboutir grâce à un travail très important abattu en partenariat, de nouvelles études de développement réalisées par CVE, l’obtention d’un tarif de rachat de l’électricité produite et une recherche de financement réussie, etc.

Un projet pionnier qui valorise un site dégradé

Baptisée Soleil des Petites Landes, la centrale solaire est un projet pionnier en Centre-Val de Loire : il s’agit en effet du premier parc photovoltaïque citoyen de la région. Il affiche des chiffres impressionnants : 3,2 hectares, 5304 panneaux de 535 Wc, pour une puissance totale de 2,8 MWc. Une production annuelle de 3090 MWh est attendue. Et, comme les porteurs du projet se plaisent à le rappeler, cela représentera 105 tonnes de CO2 économisées annuellement !

Implantée sur un ancien site d’enfouissement technique, la centrale revalorise un terrain jusqu’alors sans usage, en raison des dispositifs d’évacuation des lixiviats et des biogaz. En plus des panneaux, le terrain accueillera probablement à terme des résidents à quatre pattes. Le collectif, en contact avec des éleveurs, souhaite en effet pousser un cran plus loin la revalorisation du terrain grâce à de l’éco-pâturage.

La première injection d’électricité dans le réseau a eu lieu en juillet 2023, et l’inauguration le 6 octobre de la même année. Véritable réussite locale, le Soleil des Petites Landes fera de Saint-Benoît-la-Forêt une commune passive en électricité, qui produit davantage qu’elle ne consomme.