Des Watts en Meung
Loiret (45)L'association Un Coup de Meung pour la planète porte un projet d'ombrières photovoltaïques sur le parking de la gare Meung-sur-Loire. En partenariat avec la mairie, les habitants souhaitent prendre leurs watts en main.
La démarche citoyenne de ce projet a été examinée et validée par Énergie Partagée selon les 5 axes du Label Énergie Partagée : l’intérêt territorial, la dynamique locale, la finance éthique et citoyenne, la gouvernance partagée et l'écologie. Un suivi permet de vérifier cette démarche tout au long du projet.
En savoir plus sur la labellisationLa démarche citoyenne de ce projet a été examinée et validée par Énergie Partagée selon les 5 axes du Label Énergie Partagée : l’intérêt territorial, la dynamique locale, la finance éthique et citoyenne, la gouvernance partagée et l'écologie. Un suivi permet de vérifier cette démarche tout au long du projet.
« Dans le cahier des charges de l’appel à manifestation d’intérêt, 20 % de la note étaient réservés à la présence d’une participation financière citoyenne, ainsi qu’à la mise en place d’une société locale d’exploitation impliquant l’ensemble des associés dans la gouvernance. Nous ne voulions pas d’associés qui se contentent d’apporter une contribution financière sans s’impliquer concrètement dans le projet. »
Participez localement et apportez vos compétences en rejoignant la société du projet.
Tout commence lorsque ValDem, le Syndicat mixte de collecte et de valorisation des déchets du Vendômois, envisage de réhabiliter un ancien centre d’enfouissement technique dont il est propriétaire à Lignières (Loir-et-Cher). Son idée : construire une ferme solaire, afin de valoriser le terrain.
ValDem commence à travailler en ce sens, mais le projet se heurte rapidement à deux difficultés majeures. D’une part, le moratoire Fillon de 2010, qui provoque un effondrement des prix de rachat de l’électricité des grands projets photovoltaïques. De l’autre, d’importantes contraintes techniques de raccordement, dues à l’éloignement des postes sources. Le projet est alors mis à l’arrêt.
Entre 2016 et 2018, ValDem rouvre le dossier, encouragé par l’évolution de la réglementation et l’apparition de mécanismes de valorisation plus favorables au photovoltaïque. Mais la puissance envisagée de la centrale ne permet toujours pas sa réalisation compte tenu des contraintes de raccordement. Ce n’est qu’en 2020 que le projet reprend vie, avec une nouvelle ambition : construire un véritable projet de territoire.
Déjà en lien avec le collectif citoyen Énergies Vendômoises, ValDem se tourne vers le Syndicat intercommunal de Distribution d’Énergie de Loir-et-Cher (SIDELC). Celui-ci vient justement de créer, avec d’autres syndicats de la région, une société d’économie mixte (SEM) dédiée aux énergies renouvelables : EneR CENTRE-VAL DE LOIRE. Cette dernière propose alors de réaliser les études nécessaires et d’endosser le risque financier de la centrale. Elle est seule à répondre à l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) lancé par ValDem, qui intègre dès le départ l’exigence d’une participation financière citoyenne et d’une société locale d’exploitation à gouvernance partagée.
De son côté, Énergies Vendômoises organise pas moins de 7 réunions publiques pour lever des fonds auprès des citoyens, acculturant au passage plus de 250 personnes aux énergies renouvelables. Au total, le capital citoyen s’élève à 130 000 € en réinvestissement (suite à un précédent projet photovoltaïque avorté) et 46 900 € en nouvelles souscriptions. Ce n’est qu’une fois l’appel d’offres de la CRE remporté, garantissant le prix de rachat de l’électricité, que la SAS Soleil de Lignières est officiellement créée en 2024. Le SIDELC, la Commune de Lignières et la Communauté de Communes du Perche et Haut Vendômois la rejoignent, apportant leur soutien institutionnel et facilitant les démarches locales.
Le capital de Soleil de Lignières est détenu à 100 % par des acteurs de la région Centre-Val de Loire : EneR CENTRE-VAL DE LOIRE (51%), les citoyens d’Énergies Vendômoises via la SAS Picvert (20 %), le SIDELC (15 %), la Commune de Lignières (9 %), la Communauté de communes du Perche et Haut Vendômois (2,5 %) et ValDem (2,5 %). Il s’agit du premier projet d’envergure en région dont la gouvernance a été décidée et maîtrisée dès le départ en constituant un groupement d’acteurs économiques, territoriaux et citoyens locaux. Sa gouvernance, qui associe efficacement six actionnaires de cultures différentes, se traduit par des règles qui renforcent la confiance entre partenaires : pour chaque décision, il faut l’accord d’au moins 3 des 6 associés et atteindre l’équivalent de 60 % du capital.
« Il faut absolument bien communiquer et impliquer l’ensemble des actionnaires dans les décisions et dans la vie du projet, car c’est cela qui crée de la confiance. Malgré nos origines différentes, nous arrivons à prendre des décisions rapidement, parce que justement, on a réussi tous à se faire confiance ».
La mise en service de la centrale (7 826 panneaux sur 4,3 hectares) est prévue au dernier trimestre 2025. La production est pour l’heure en revente totale, mais les évolutions réglementaires récentes ouvrant la possibilité à une boucle d’autoconsommation collective après la mise en service. Au-delà de la production d’énergie, Soleil de Lignières alloue un budget annuel de 1000 à 1500 € aux actions pédagogiques et à la vulgarisation des énergies renouvelables auprès des citoyens. L’implantation du parc photovoltaïque, à proximité d’une centrale nucléaire (Saint-Laurent-Nouan), confère une forte dimension symbolique au projet, illustrant qu’il est possible de développer les EnR et de se réapproprier la transition énergétique localement, même dans une région historiquement liée au nucléaire. Grâce à ce projet, ValDem a développé une expertise reconnue en matière d’EnR et est désormais sollicité dans la région pour partager son expérience.