Reportage : en visite au parc éolien citoyen Isac-Watts
À l'occasion de REVE 2019, les Rencontres européennes de l'énergie citoyenne, les participant·e·s avaient l'opportunité de visiter le parc éolien de Sévérac-Guenrouët, porté par la société citoyenne Isac-Watts. Xavier Rabilloud y était pour Énergie Partagée.
Ce jeudi 14 juin, pour entrer de plein pied dans le sujet des Rencontres européennes de l’énergie citoyenne qui se déroulent à Redon – berceau de l’éolien citoyen -, j’embarque avec quelques dizaines de personnes à bord d’un car, destination le parc éolien citoyen de Sévérac-Guenrouët.
À l’instar de l’ensemble des Rencontres, les organisateurs d’Énergies citoyennes en Pays de Vilaine (EPV) ont bien fait les choses : après une collation d’accueil sur le site, nous revêtons les équipements de sécurité obligatoires (casque et gilet jaune), puis trois groupes se succèdent pour en savoir plus sur les aspects techniques, sur l’histoire du projet, et sur le parcours pédagogique qui a été conçu et sera implanté dans les mois prochains.
Dans l’antre de la machine
Ce matin, c’est l’éolienne Berthe qui nous accueille. Nous ne verrons pas ses trois consœurs, Vénus, Grenouille et Salamandre, espacées respectivement de 1 à 2 km, et masquées à la vue par un petit bois.
Alain Tessier, trésorier d’Isac-Watts, élève la voix par dessus le bruit de la turbine très présent lorsqu’on est à l’intérieur du mât, pour nous expliquer que le parc accueille 4 éoliennes Senvion de 2 MW chacune, pour une puissance cumulée qui atteint donc 8 MW. Chaque machine mesure 100 mètres de haut et comporte des pales de 46 mètres.
En 2018, le parc éolien a généré 18 204 MWh d’électricité. La vente de l’électricité à EDF a rapporté environ 1 576 000 €. Nous apprenons que la maintenance du parc (les 4 éoliennes et le poste de livraison électrique) coûte quelque 67 500 € par an.
Revenus à l’extérieur, où nous n’entendons plus qu’un léger sifflement d’air (quel contraste !), Alain nous explique pourquoi nous ne monterons pas en haut de l’éolienne : il faut pour cela que les visiteurs soient accompagnés par deux personnes qualifiées pour effectuer les manœuvres de secourisme à grande hauteur. Si une personne est prise de vertige et fait un malaise, il faut pouvoir la descendre en rappel avec le système de cordes de secours prévu dans la nacelle de l’éolienne !
Retour sur l’histoire d’Isac-Watts
Ensuite, Alain Mazery, un autre “ancien” d’Isac-Watts nous brosse à grands traits un rappel chronologique des principales étapes de la création du parc éolien :
En 2003, l’association Éoliennes en Pays de Vilaine (qui deviendra ensuite Énergies citoyennes en Pays de Vilaine) est fondée.
En 2006, les recherches de site aboutissent tant à Béganne qu’à Sévérac.
En 2008, la demande pour le permis de construire le parc est déposée.
En juin-juillet 2011, l’enquête publique est menée, sans qu’aucune opposition ne s’exprime.
En octobre 2011, le permis de construire est accordé.
En 2012, la SAS Isac-Watts est créée pour porter le projet.
À l’automne 2014, le chantier peut enfin démarrer !
En octobre-novembre 2015, ça y est, les éoliennes arrivent sur le site pour être installées.
Et en janvier 2016, tadaaam, c’est la mise en service !
Le parc éolien comme outil de sensibilisation : le parcours pédagogique
Ensuite, Thérèse Raitière, une autre membre d’Isac-Watts, nous présente en détail le parcours pédagogique qui va être implanté sur le site. Il devrait être opérationnel entre l’automne 2019 et le début 2020. Ce parcours a été conçu par un groupe de bénévoles d’Isac-Watts avec des salariés d’Énergies citoyennes en Pays de Vilaine et l’Office de tourisme de Redon.
Le parcours concilie la sensibilisation aux énergies renouvelables et à l’énergie citoyenne avec une approche de l’histoire locale à travers des aspects remarquables du site : des affleurements mégalithiques (le Rocher de la Vache), le canal de Nantes à Brest, l’histoire des moulins à vent, etc.
Enfin, sans nous laisser décourager par une soudaine averse qui fort heureusement ne dure que quelques minutes, nous nous prenons au jeu de l’une des expériences ludiques que Juliette Chrétien, animatrice au sein de l’association EPV, propose aux élèves des classes qu’elle accompagne régulièrement en visite sur le site.
Le défi ? Une application pratique du théorème de Thalès (vous vous souvenez ?) pour estimer la hauteur de l’éolienne grâce à deux petits bâtonnets de longueur identique… En quelques minutes, nos pas confirment ce qui nous a été indiqué : oui, les éoliennes font bien (à peu près) 100 mètres de haut si l’on se fie à notre comptage !
Fort heureusement, nous sommes dispensés de l’animation consistant à calculer la vitesse de rotation en bout de pale ;-) C’est qu’il est temps de rentrer à Redon pour festoyer avec les quelques centaines d’acteurs de l’énergie citoyenne, de près d’une dizaine de pays européens, réunis pour REVE 2019 !