Retour sur les visites françaises du programme ITACA
Du 08 au 10 octobre dernier, 3 jours de visites, de rencontres et d’échanges étaient organisés dans le cadre du projet européen ITACA (Initiative Transalpine d’Appropriation Citoyenne et d’Aménagement Energétique).
Ce projet cofinancé par l’Union Européenne a pour objectif de renforcer l’acceptation locale des EnR par les populations locales, en favorisant, notamment, les échanges entre acteurs transalpins. Ainsi, ces 3 jours sur le terrain ont permis d’accueillir une dizaine d’ingénieurs italiens, venus de la région turinoise, mais aussi des acteurs locaux des EnR en PACA, afin de mutualiser les expertises et les bonnes pratiques à l’échelle des Alpes françaises.
Microcentrale hydroélectrique de Mônetier-les-Bains : turbinage d’eau potable
La visite de la microcentrale hydroélectrique de Monétier les Bains, mise en service en 2017 et produisant 117KW par an a permis de mettre en valeur la production d’électricité locale à partir du turbinage de l’eau potable. Cette production d’EnR innovante a inspiré les participants. Non seulement, les couts d’investissements sont relativement faibles, mais en plus la rentabilité est excellente, du fait de l’abondance de la ressource en eau sur ce territoire. La production d’énergie est donc stable et les recettes, issues de la vente d’électricité à EDF en obligation d’achat, également. Le temps de retour sur investissement d’un tel projet est donc très intéressant, notamment pour la collectivité gestionnaire de l’eau potable et du projet, et qui souhaite à termes, réinvestir ces recettes auprès des citoyens. Un projet bien intégré dans le paysage, avec peu d’impacts écologiques et paysagers qui a fait l’objet d’une bonne acceptation par les citoyens.
Notre-Dame-du-Laus : le premier projet de bois-citoyen de la région PACA
La visite de la chaufferie bois et du réseau de chaleur bois énergie du sanctuaire de Notre Dame du Laus (200 000 visiteurs par an), a, elle aussi, été très appréciée des participants. Ce projet de production de chauffage pour ce site touristique, préalablement chauffé au fioul, a permis de substituer 100 000Litres de fioul consommés par an, par une énergie locale : le bois énergie. La société Energie Bois Territoire, présente depuis 15 ans sur le territoire des Hautes-Alpes, qui fournit de la chaleur clé en mains à ses clients, a permis la réalisation de ce projet de réseau de chaleur, financé par l’ADEME- La Région Sud et le Conseil Départemental à hauteur de 60%, mais aussi en parti grâce à une levée de fonds auprès des paroissiens et des citoyens du territoires (ERDG-EPI).
Saint-Martin-les-Eaux : une boucle d’ACC alimentée par une toiture et un futur parc au sol
A Saint Martin les Eaux, la visite du 09/10/25, a permis de visualiser la réalisation d’une boucle d’autoconsommation d’électricité locale à partir de la production de panneaux photovoltaïque sur les toitures des équipements communaux. La contractualisation de la commune avec un architecte pour l’intégration des panneaux PV a permis d’intégrer les aspects paysagers et ainsi convaincre l’Architecte des Bâtiments de France de la réalisation du projet. Cette démarche a aussi permis une meilleure acceptabilité par les habitants des projets PV sur ce territoire, appartenant au Parc Naturel Régional du Luberon. Un parc au sol est en projet sur la commune, en plus des projets en toiture qui ont été réalisés. Ce parc PV aurait une emprise de 2500m² sur une zone agricole pastorale pour une production de 300KW par an, pour 1200m² de panneaux PV. L’objectif de ce projet est de vendre l’électricité produite par le champ PV en autoconsommation aux citoyens de la commune. Le but est donc de lever des fonds auprès des citoyens afin de financer ce projet, qui ne peut ni bénéficier des aides classiques, ni du tarif de rachat de l’électricité par EDF.
Commune de Volx : une démarche de planification d’EnR inspirante
A Volx, Jérôme DUBOIS, maire engagé a présenté les enjeux territoriaux de la planification des projets d’énergie renouvelable sur un territoire. Cette analyse détaillée a permis de comprendre comment ces stratégies territoriales permettaient le développement de projets d’EnR, mais aussi les difficultés qu’elles éprouvaient lorsque les projets prenaient de l’ampleur. Notamment au niveau du financement des ces derniers. Plus les projets sont gros, moins les collectivités et les citoyens peuvent prendre part au capital. Ainsi, les rentes issues de la production d’énergie part directement aux mains des privés pour être revendues à un cout plus élevé aux consommateurs.
La commune de Volx, très engagée, a réussi à imposer à une société privée, qui a développé un projet PV sur sa commune, que les 2/3 de la production soit vendue au tarif d’achat garantie, et que le tiers restant soit vendu gratuitement à la commune pour l’alimentation de ces bâtiments communaux.
Cette expérience est intéressante pour les confrères italiens présents, qui soulignent que lorsqu’une entreprise privée veut développer un projet PV en Italie, deux options s’offrent à elle, demander l’autorisation à la commune sur laquelle se trouve le terrain, où ne pas lui demander son avis et demander directement à la Région ou à l’Etat, la commune n’a alors pas d’avis à donner. Le retour de la commune de Volx permet de valoriser la nécessité de développer en priorité des projets PV sur des lieux anthropisés et artificialisés, plutôt que sur des espaces naturels, afin de favoriser leur acceptation par les populations locales.
C’est pourquoi, la commune a mis en place un nouvel outil le PPTE= Plan Paysage et Transition Energétique), ce document non opposable mais de préconisation a permis d’établir, en concertation avec les citoyens, des cartes à enjeux pour ces derniers. Cela a permis d’établir un diagnostic paysager autour d’objectifs concertés de qualités paysagères afin de définir des zones permettant d’accueillir des projets d’EnR et d’autres non mobilisables dans ce cadre, car à forts enjeux paysagers pour les habitants. Ce document a notamment aidé les communes dans la préfiguration de leurs Zones d’Accélération des EnR.
En savoir plus sur le projet de la commune et de CVE
Énerg’éthique 04 : une coopérative citoyenne en lutte contre la précarité énergétique
La coopérative citoyenne dignoise a reçu l’ensemble des participants le dernier jour, le vendredi 10 octobre dans ses locaux à Digne Les Bains. Une belle occasion pour son directeur, François Petitprez, de présenter l’ensemble de ses actions de luttes contre la précarité énergétique.
Energ’éthique 04 accompagne et conseille les acteurs publics et privés dans la mise en place d’actions innovantes pour favoriser la transition énergétique sur leur territoire et/ou dans leurs activités. La coopérative a souhaité faire découvrir aux participants, une très belle exposition intitulée « Regards croisés sur la précarité énergétique », qu’elle héberge actuellement dans ces locaux. Cette exposition est le fruit d’un travail initié par le CCAS de Grenoble en 2024 et coconstruit avec la métropole de Nantes, la ville de Paris et de Besançon pour réfléchir collectivement à une opération de communication d’ampleur nationale sur le sujet de la précarité énergétique. L’objectif est simple, c’est « une invitation à se saisir de notre pouvoir d’agir collectif, pour repenser ensemble les questions de la précarité, d’accès à l’énergie et de maitrise des consommations ». Les participants à travers d’objets détournés, mais aussi de témoignages des personnes accompagnées ont pu se saisir de la problématique et de ses enjeux.
Retrouver la présentation d’Énerg’éthique 04
En savoir plus sur l’exposition du CCAS Grenoble
Soleil de Chanenc : un parc au sol sur terrain antropisé
Enfin, le séminaire s’est terminé par la visite du chantier du parc photovoltaïque au sol de Jaussier, dans le cadre du projet « Soleil de Chanenc ». Ce projet est porté par ENERCOOP PACA et ENERCOOP et financé en partie par Energie Partagée Investissement. Les participants ont pu constater une fois de plus qu’une meilleure acceptation de ces projets d’ampleur par les citoyens passe par la valorisation de sites déjà anthropisés, comme c’est le cas pour Chanenc. En effet, l’implantation des panneaux photovoltaïques est faite sur un ancien terrain miliaire, laissé en friche, qu’il n’aurait pas été possible de revaloriser en terrain agricole. Le déboisement du terrain pour le projet va donc être minime, ainsi que l’impact sur la faune et la flore qui va suivre un cahier des charges très précis, suite à la réalisation de l’étude d’impacts. En résumé, le projet va permettre la production de 6.5GWh par an, pour une puissance installée de 4.3MW. Ce sont donc 2.2ha de panneaux PV qui seront installés, soit au total environ 8 000 panneaux, sur 4.4ha de terrain. Pour un budget total de 4.8 millions d’euros, dont 451 562€ sont financés par Energie Partagée Investissement.
