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[Interview] Christine Blondel, membre du groupe d’animation de la coopérative Sud Paris Soleil

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Parce qu’une des manières de monter un projet est de s’inspirer de ceux déjà existants, Énergie Partagée a interrogé des personnes impliquées dans la production d’énergie renouvelable citoyenne, afin qu’elles fassent part de leur expérience pour en faire profiter les projets émergents.

 

Christine Blondel est présidente de l’association Cachan Soleil, qui a porté le montage de la coopérative Sud Paris Soleil.

Christine, peux-tu te présenter et présenter Sud Paris Soleil ?

Aujourd’hui le problème majeur pour moi est le dérèglement climatique. En 2016, après la COP 21 et en fin d’une carrière professionnelle de chercheur, je me suis impliquée dans l’association qui a porté le projet de coopérative solaire citoyenne dans ma ville de Cachan. La coopérative Sud Paris Soleil est lancée début 2019 avec l’objectif d’équiper des toitures publiques de panneaux photovoltaïques dans le Sud parisien et de sensibiliser à la transition énergétique. On a commencé par équiper le toit de l’école élémentaire La Plaine, à Cachan, avec une installation d’une puissance de 100 kWc, qui produit 100 MWh par an. Cette installation a été mise en service au printemps 2021.

La production d’énergie renouvelable est évidemment importante pour nous mais la sensibilisation à la maîtrise de l’énergie l’est tout autant. L’enjeu crucial est de réduire individuellement et collectivement notre consommation d’énergie.

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Quels conseils donnerais-tu à un collectif qui voudrait se lancer dans un projet d’EnR citoyenne ?

Ce type de projet repose sur un partenariat nécessaire entre différents acteurs. Il faut d’abord un groupe de citoyen·ne·s motivé·e·s qui souhaitent s’approprier la question de l’énergie. Pour gérer la coopérative et les projets, il faut un minimum de compétences dans le groupe (technique, juridique, communication). Mais toutes les bonnes volontés sont bienvenues. Chacun·e peut tenir un stand, proposer une animation pour les enfants, faire connaître le projet ! Dans une entreprise de ce type, il n’y a pas de hiérarchie, pas d’organigramme, la bienveillance et l’écoute sont donc indispensables !

Ensuite, la participation d’une ou plusieurs collectivités locales est primordiale. Une collectivité membre à part entière de la coopérative représente un atout pour la pérennité du projet et sa crédibilité auprès des habitants. La collectivité fait de la communication sur le projet et le fait connaître aux autres collectivités locales. Le niveau des villes est un bon niveau pour l’implication citoyenne. C’est un premier pas vers des villes en transition.

Enfin, le soutien d’Énergie Partagée avec les formations, les partages d’outils, les retours d’expériences et les études au niveau national est capital !

Qu’est-ce qui a bien marché ?

La récolte des fonds a très bien marché. On sait qu’en France l’épargne privée est très importante. Cela nous a un peu surpris, mais de nombreuses personnes sont prêtes à prendre des parts dans un projet qui a du sens. La projection-débat du film Après-Demain et la fête de lancement de la coopérative qui a suivi, avec la maire et plusieurs élu·e·s, ont été un succès.

Plus largement, l’avantage de ce type de projet est de rassembler un ensemble de citoyen·ne·s qui partagent les mêmes objectifs, une sorte de rhizome de personnes actives au sein de différentes associations (AMAP, association de cyclistes, Accorderie, Ressourcerie, jardins partagés, etc.). L’objectif de la transition énergétique est partagé par beaucoup de gens qui ne savent pas toujours comment s’investir.

L’avantage de faire des installations sur des bâtiments scolaires est de pouvoir y associer un projet pédagogique, comme celui que nous avons en partenariat avec La Bouilloire, association locale d’éducation au développement durable. Notre objectif est d’intervenir dans les classes de l’école pour sensibiliser à la maîtrise de l’énergie, par le biais d’expériences, de vidéos, de panneaux illustrés à commenter. Des Fresques du climat seront également proposées aux enseignants.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

La première difficulté, en milieu urbain dense, concerne la recherche de « bons » toits : grands, dégagés, solides, sans ombre portée.

Ensuite, comme pour toute organisation fonctionnant uniquement avec des bénévoles, se pose la question de l’engagement et du renouvellement des personnes. Jusqu’à présent cela marche plutôt bien mais cela reste toujours fragile.

Par ailleurs nos projets sont entièrement soumis aux changements de réglementation sur les EnR qui nous ont mis des bâtons dans les roues en cours de projet. C’est aussi un peu plus difficile d’équiper des établissements scolaires car les normes de sécurité sont plus sévères mais ça vaut le coup (et le coût !) car cela permet de sensibiliser à la transition énergétique.

Nous avons aussi rencontré quelques difficultés dans la gestion du chantier – nous ne sommes pas des professionnels – mais rien d’exceptionnel, je crois !

"Il n’y a pas de discours spécifique à tenir vis-à-vis des femmes, sauf rappeler cette évidence qu’elles peuvent faire la même chose que les hommes !"

Quelle est ton expérience dans ce projet en tant que femme ?

Je ne me pose pas la question, je ne me pense pas d’abord en tant que femme ! C’est l’avenir de mes enfants et petits-enfants qui me préoccupe et ça serait sans doute pareil si j’étais père ou grand-père. Si on ne veut pas leur laisser « du sang et des larmes », il faut agir tout de suite !

Je n’ai pas senti de problème de crédibilité en tant que femme, peut-être du fait de ma formation scientifique. Il est vrai que dans les groupes, les hommes ont tendance à prendre plus la parole que les femmes, mais cela se passe beaucoup mieux aujourd’hui qu’autrefois (j’ai 72 ans !). Mesurons d’où l’on vient…

Dans le groupe d’animation, nous sommes trois femmes, sur une dizaine de personnes – Jeanne est comptable, Anne s’occupe de la communication – mais je pense qu’aucune de nous trois ne se sent ignorée. Dans ce type de projet, les hommes sont rarement animés par un désir de pouvoir.

À mon sens, il n’y a pas de discours spécifique à tenir vis-à-vis des femmes, sauf rappeler cette évidence qu’elles peuvent faire la même chose que les hommes !

Il est sans doute plus difficile en milieu urbain de rassembler des personnes de milieux sociaux différents.

C’est plutôt en tant que retraitée que je parlerais. L’aspect intergénérationnel de ces projets me semble intéressant. Les retraité·e·s restent en contact avec la vie active, mettent leurs compétences au service du projet et en acquièrent de nouvelles. Et les associations ou coopératives fonctionneraient difficilement sans le capital-temps (et le capital-compétences…) des retraité·e·s  !

Soutien financier

Énergie Partagée a bénéficié d’un soutien financier du Fonds Social Européen pour l’élaboration de cette page web.

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