Soleil du Grand Ouest : Fin d’une installation photovoltaïque citoyenne en autoconsommation
Biocoop, réseau de magasins bio, a mis à disposition en 2015 le toit d’une plateforme logistique pour l’installation de panneaux photovoltaïques, en partenariat avec Enercoop et Énergie Partagée. Après cinq ans d'exploitation, le projet a pris fin pour cause de déménagement de la plateforme.
Un partenariat unique
Dans une volonté de réduire au maximum les impacts environnementaux de sa plateforme de distribution à Mélesse (Ille-et-Vilaine), Biocoop, 1er réseau de magasins bio et équitables en France, s’est tournée vers Enercoop pour l’installation d’une centrale solaire sur la toiture-terrasse de son bâtiment. Énergie Partagée a rejoint le projet avec son fonds d’investissement, suivi par d’autres sociétaires : un club CIGALES et un autre club d’investisseurs, composés de citoyens, et quatre magasins Biocoop, qui ont pu également investir directement dans la société gestionnaire.
Consommer sur place l’énergie produite
Les panneaux ont été assemblés en Côtes-d’Armor par Silia et installés par Armorgreen, entreprise bretonne.
« Mis en place sur 2 000 m² de toiture, ils totalisaient 249 kW de puissance pour une production annuelle moyenne de 300 MWh, soit 45 tonnes d’équivalent CO2 évitées chaque année », explique Nicolas Debray, directeur d’Enercoop Bretagne.
La production était entièrement consommée sur place ; elle couvrait une partie des besoins du site, la partie restant étant assurée par Enercoop. Selon les périodes d’ensoleillement, il est arrivé que les panneaux couvrent l’intégralité des besoins. Abritant des produits frais, le bâtiment était particulièrement bien adapté à cette vente d’électricité en circuit court : les groupes de froid consomment le plus lorsque les panneaux produisent le plus. C’est, à l’époque, la plus grande centrale photovoltaïque en autoconsommation de Bretagne.
Organisation de la fin du projet
Après cinq ans d’exploitation de la centrale, Biocoop s’est vue contrainte de déménager pour agrandir sa plateforme. « Elle a assumé le coût financier de la rupture du contrat, qui était prévu sur 30 ans, précise Nicolas Debray ; le contrat prévoyait en effet, en cas de rétractation, une pénalité pour l’acheteur. » Cette pénalité, acquittée par Biocoop, a permis le remboursement de l’emprunt fait à la banque (La Nef) et des différents partenaires investisseurs, dont Énergie Partagée, qui n’a donc pas perdu d’argent malgré l’arrêt prématuré de l’installation.
Enercoop a cédé les panneaux à Biocoop, qui les a revendus avec le bâtiment. Le déplacement des panneaux sur son nouveau bâtiment n’était pas envisageable, au vu du coût trop important de cette opération. Le repreneur, une entreprise de traiteur, a dû racheter les panneaux avec le bâtiment, mais malheureusement Enercoop Bretagne n’a pas encore réussi à ce jour à le convaincre de leur utilité et de l’intérêt financier à faire fonctionner une centrale photovoltaïque. Les revendre à un tiers n’est pas évident car le tarif d’achat avec soutien de l’État ne s’applique pas aux panneaux de seconde main. Ils restent donc actuellement en dormance sur la toiture.
L’autoconsommation : un fort potentiel pour l’avenir
L’autoconsommation fait partie des nouveaux usages de production et de consommation, c’est l’un des meilleurs exemples de fonctionnement en circuit court en dehors de l’alimentation. Elle présente un fort potentiel en milieu péri-urbain, par exemple sur des zones commerciales ou industrielles, car on y trouve un nombre certain de toitures qui ne sont pas utilisées et qui peuvent facilement accueillir ce genre de projets. L’autoconsommation présente des avantages, comme l’exonération des taxes existantes lorsque l’on souhaite injecter la production d’électricité sur le réseau.
Au final, comme l’explique Nicolas Debray, « ce bâtiment à Mélesse a été un site pilote, qui nous a permis de travailler sur les aspects juridiques et techniques, et de nous rendre compte quel type de projet pouvait être fait, sur des magasins ou des sites industriels. »