« On en parle ensemble » : à la rencontre des acteurs du projet Champ de Liveau
L’émission "On en parle ensemble", sur la radio RPSFM, est allé à la rencontre des acteurs de la centrale solaire citoyenne de Champ de Liveau.
Avec :
Éric Maïsseux, directeur de la SEM Alter Energies
Samuel Faure, responsable d’investissement pour Energie Partagée
Jacky Goulet-Claisse, maire de la Ville de Saumur et président de la Communauté d’agglomération Saumur Val de Loire
Transcription de l’émission
Animateur : Je retrouve monsieur Eric Maïsseux d’Alter Energie. La centrale solaire de Montreuil-Bellay a été mise en service il y a quelques mois. Techniquement, comment ça se passe ?
Éric Maïsseux (Directeur d’Alter Énergies) : Ici, on est sur une centrale photovoltaïque sur un site de 8 hectares sur laquelle on est venu implanter 7 MWc de panneaux photovoltaïques qui sont tout simplement posés sur le sol, c’est-à-dire qui sont posés sur des longrines, des blocs béton pour ne pas aller modifier ou mélanger les déchets qui sont sous cette centrale. Et on a ensuite une ossature métallique qui vient porter l’ensemble des panneaux qui sont orientés bien sûr au Sud pour produire le plus de quantité possible d’énergie renouvelable sur le site de Montreuil-Bellay.
Animateur : On peut alimenter combien de foyers ?
Éric Maïsseux : On peut alimenter 3 800 foyers, l’équivalent de 3 800 foyers hors chauffage, qui représentent quasiment le double de la commune de Montreuil-Bellay sur laquelle ils sont implantés.
Animateur : Si on incorporait le chauffage, ça ramène à combien d’habitations ?
Éric Maïsseux : On serait à peu près sur le volume d’énergie consommée par les 4 000 habitants, tout compris. On reste sur la consommation complète de la commune de Montreuil-Bellay.
Animateur : C’est un projet qui date d’à peu près cinq ans. Combien de temps pour construire toute cette centrale ?
Éric Maïsseux : C’est une centrale, effectivement, qui a demandé cinq ans pour sa réalisation. Dans les cinq ans, on a un an d’étude, d’étude environnementale, d’étude technique. On a ensuite un an d’autorisation auprès de la préfecture, avec une enquête publique, avec l’ensemble de la concertation qui est à mettre en place autour. Et puis ensuite, puisqu’on a un an de Covid qui est venu perturber un peu notre construction, puis un an de construction et de financement de la centrale. Donc, on arrive sur nos cinq ans de développement de projet entre l’idée et l’injection au réseau d’électricité.
Animateur : Ces panneaux photovoltaïques ont une durée de vie de combien d’années ? Je crois qu’il y a un contrat de 30 ans pour la vente d’électricité, mais on va aller au-delà de ces 30 ans.
Éric Maïsseux : On a un contrat aujourd’hui de 30 ans pour la vente d’électricité et pour l’exploitation du site. Les panneaux aujourd’hui, eux, sont garantis 20 ans. La garantie de production est déjà portée à 20 ans. On pense pouvoir aller plus loin. Ça sera une discussion qu’on aura à l’époque. D’ici 25 ans, on commencera à se reposer la question avec l’évolution technologique qui peut y avoir aussi. Donc, on aura un travail à faire dans 25 ans pour penser à la 30ème année.
Animateur : Est-ce qu’il y a un petit peu de maintenance, d’entretien sur ce type de station solaire ?
Éric Maïsseux : On a de la maintenance technique, principalement sur les équipements de transformation d’électricité, soit les transformateurs, soit les onduleurs, qui transforment l’électricité de courant continu en courant alternatif. Donc, on a effectivement cette maintenance qui est la plus lourde. Et puis après, on a un entretien du site, que ça soit des nettoyages de panneaux, que ça soit l’éco- pâturage, puisqu’on a ici des moutons qui viennent manger l’ensemble des herbes qui sont au pied des panneaux, plus une petite action humaine pour aller faire le complément de ce que les moutons ne mangent pas.
Animateur : Pour conclure, c’est une centrale qui va faire des petits autour d’elle ?
Éric Maïsseux : C’est une centrale qui va faire des petits. Déjà aujourd’hui, dans le département, on développe 76 mégawatts d’énergie renouvelable de ce type-là, donc elle fait beaucoup de petits, ça, c’est sûr, et aussi sur son modèle de revente d’électricité, de collaboration également avec les citoyens, elle va faire beaucoup de petits.
Animateur : On continue nos reportages suite à l’inauguration de la centrale solaire de Champ de Liveau à Montreuil-Bellay. J’accueille avec beaucoup de plaisir M. Samuel Faure, qui va nous parler d’une structure qui s’appelle Énergie Partagée. Bienvenue au micro de RPSFM. Énergie Partagée, c’est quoi ?
Samuel Faure (responsable d’investissement chez Énergie Partagée) : Énergie Partagée, c’est un mouvement national qui fédère toutes les initiatives en faveur de l’énergie citoyenne. On a un outil d’investissement, un outil d’épargne citoyenne qui vient cofinancer les projets renouvelables. On travaille dans l’éolien, dans le solaire, dans la méthanisation, la biomasse. Et puis, on a un outil associatif qui est là pour accompagner les initiatives locales. Ici, sur le projet de Champ de Liveau, on a accompagné l’émergence de PEPS, qui est l’association locale qui a porté la collecte d’épargne locale sur le projet. On est un peu partout en France. On a 13 réseaux régionaux en France ; et en Pays de la Loire en particulier, on travaille avec le réseau RÉCIT, le réseau des énergies citoyennes, qui est basé à Nantes.
Animateur : C’est une voie de développement, de faire participer le citoyen ?
Samuel Faure : C’est la raison d’être d’Énergie Partagée. À l’origine, on a créé cet outil d’investissement pour répondre à une demande qui n’était pas pourvue. En 2010 et une petite quinzaine d’années, on a créé cet outil d’investissement. Petit à petit, on s’est rendu compte que ça devenait un vrai enjeu, vu la hauteur de la marche qu’on doit franchir collectivement sur la transition énergétique. L’idée d’amener des outils aux acteurs de territoire pour permettre aux citoyens de se mobiliser, de se rendre actifs et acteurs des projets, c’est toute la raison d’être d’Énergie Partagée. C’est ce qu’on essaie de faire tous les jours.
Animateur : Le citoyen amène quelques capitaux et en quelque sorte, il est actionnaire et il lui revient des dividendes en fin d’année ?
Samuel Faure : Tout à fait. L’outil d’investissement, effectivement, c’est un outil d’épargne qui vise une rentabilité à 4 % par an, à peu près au niveau du livret A aujourd’hui. Mais on va plus loin que ça. Il y a effectivement des gens qui sont actionnaires d’amont, on va dire, mais on va aussi chercher à mobiliser des gens qui vont amener un peu d’énergie et de temps autour des projets, parce qu’il y a cette question de l’appropriation locale où on va aussi parler de sobriété, on va aussi parler d’efficacité énergétique, d’économie d’énergie, on va intervenir dans les écoles, etc. Et tout ça, c’est aussi grâce aux bénévoles qui se mobilisent dans les territoires.
Animateur : Si on veut contacter la structure Énergie Partagée, comment ça se passe ? Il y a un site, il y a un téléphone, il y a un endroit qu’on peut peut-être donner à l’antenne ?
Samuel Faure : Tout à fait. Il y a un site Internet, energie-partagee.org. Vous avez tous les contacts d’entrée dans toutes les régions et vous serez tous les bienvenus pour participer au mouvement.
Animateur : Il y a beaucoup de projets en cours ?
Samuel Faure : Il y a beaucoup de projets en cours, tout à fait, et on en recherche toujours. On se développe sur les deux fronts, sur le front de la collecte d’épargne d’un côté et sur le front des projets de l’autre et on développe tout ça conjointement.
Animateur : J’ai le plaisir de retrouver Monsieur Jacky Goulet-Claisse. Suite à l’inauguration de la centrale de Champ de Liveau à Montreuil-Bellay, un projet que vous avez porté ?
Jacky Goulet-Claisse (Maire de la Ville de Saumur, Président de la Communauté d’agglomération Saumur Val de Loire): Porté avec tout un tas de personnes. D’abord les vice-présidents de l’agglomération sur ce sujet particulièrement compliqué, celui de la transition énergétique et ce bouquet pour produire de l’énergie sur notre territoire. Ici, c’est du photovoltaïque dans un endroit particulièrement intéressant puisqu’on est sur une ancienne décharge, un site qui ne pouvait pas être utilisé à d’autres activités. Donc, ça, c’est parfait, mais ça vaut aussi pour le chemin vert qu’on a inauguré il y a à peu près un an et celui qu’on va faire, je l’espère, qu’il s’agisse de l’aérodrome ou bien encore à Vaudenay qui est porté par la commune de Vaudenay sur une ancienne carrière. Donc, les choses continuent à se faire, qu’il s’agisse du photovoltaïque ou bien encore de l’éolien sur la zone de Douai en Anjou ou bien encore de l’hydrogène puisque les études d’hydrogène sont portées sur cette communauté d’agglomération avec une volonté très forte d’avoir ce bouquet énergétique, cette capacité de produire de l’énergie et de soutenir le biométhane que l’on a sur le territoire à Douai ou à Chassay. Voilà les énergies, que l’on met à côté d’un grand principe, celui de la sobriété. La première chose, le premier mégawatt le mieux produit, c’est celui qu’on n’a pas consommé. Donc, il faut continuer comme ça.
Animateur : Dans votre discours, vous signaliez que ce sont des projets toujours difficiles à mettre en œuvre. Il y a souvent des oppositions, il y a des questionnements.
Jacky Goulet-Claisse : Comme tous les grands sujets, on veut bien avoir une station, vous, qui êtes de Parcès-Lépin, et une station de traitement des déchets, mais pas juste à côté et aller à Las et ça produit là aussi. On veut bien effectivement produire et consommer de l’énergie, mais toutes ces installations devraient n’être vues par personne et jamais à côté de quelqu’un. C’est un peu plus compliqué. Notre travail, à nous, c’est avoir cette volonté d’avoir ce bouquet énergétique, mais cette volonté aussi d’expliquer et comme ici, d’avoir cette volonté de faire participer les citoyens, puisque les citoyens ont pris des parts très importantes dans ce marché des 8 hectares de photovoltaïque à Montreuil-Bellay.
Animateur : L’objectif 2050 de 30 % d’énergies renouvelables, c’est quelque chose qui est atteignable ?
Jacky Goulet-Claisse : Oui, très clairement, oui. Il faut travailler un peu tous azimuts. Nous, ici, en territoire saumurois, le photovoltaïque est plus facile parce qu’il est plus acceptable au niveau du tutoiement de vue avec les monuments historiques. Mais on arrive sur la ville de Saumur, une fois qu’on aura fait l’aérodrome, on sera par exemple à 50 % de la production d’électricité pour les foyers par le photovoltaïque. Et donc, si on rajoute à côté de ça les ombrières, si on rajoute un certain nombre d’autres moyens de production, sur un territoire comme le nôtre, on doit sans problème d’ici 2050 atteindre les 50 % de production par de l’énergie verte. On termine l’année sereinement d’abord parce qu’on fait quelques belles inaugurations. Ça veut dire que la politique qu’on mène paye ses fruits, commence à avoir les fruits du travail qui a été mené par mes prédécesseurs, mais ce travail qu’on peut faire. Et puis, effectivement, on est dans une situation économique plutôt favorable au territoire du Saumurois. Il faut en profiter, il faut en bénéficier, il faut rien lâcher. C’est essentiel pour pouvoir tout simplement regarder l’avenir avec sérénité.