Vaccaghja Energia

Une douzaine d’éleveurs de Corse, soutenus par la Chambre d’Agriculture, portent un projet de méthaniseur, avec pour ambition plus large de structurer la filière locale de viande de veau et l'élevage extensif, tout en permettant la production d'énergie verte et une meilleure gestion des déchets.

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Le projet en un clin d'œil

Émergence
Développement
Construction
Exploitation
Projet de mise en place d’une unité de méthanisation collective agricole, accolée à un futur centre mutualisé d’engraissement de veaux, composé de cinq bâtiments équipés de toitures photovoltaïques (436 kW au total).
Puissance 525 Nm3/h
Production 3 500 MWh
par an
La consommation de chauffage annuelle de 778 personnes
Budget 8 000 000 €
Vezzani
Haute-Corse (2B)

L'avancée du projet

Émergence
Développement
Construction
Exploitation

Le type de projet

Message du porteur de projet

Fanny Biehlmann

L’unité de méthanisation collective est un projet de territoire. Elle constitue un maillon de la chaîne vers un projet plus global de structuration de la filière de la viande locale et d’autonomie alimentaire de la Corse.

Joseph Colombani, éleveur et président de la Chambre d’Agriculture de Haute-Corse
logo officiel VE

Un méthaniseur collectif et citoyen au service d’une filière agricole en structuration

Joseph Colombani fait partie de la douzaine d’éleveurs bovins à l’origine du projet Vaccaghja Energia. Depuis la reconnaissance de la vache de race corse en 2013, ils ambitionnent de pérenniser les élevages familiaux et extensifs. Ils développent pour cela le projet d’un centre mutualisé de finition des veaux, c’est-à-dire d’engraissement, ainsi qu’un méthaniseur qui traitera les effluents de nombreuses exploitations alentour et produira de l’énergie renouvelable. La vente d’énergie permettra également d’asseoir le modèle économique de ces élevages.

C’est sur la commune de Vezzani, dans la plaine orientale de Haute-Corse, qu’a été retenu un terrain propice à l’implantation du projet. Sa localisation favorisera la collecte des matières à méthaniser auprès des éleveurs de toute la plaine et facilitera l’épandage de la matière fertilisante (le digestat). Sur les 13 000 tonnes de gisement annuel prévu, 80 % de la matière entrante dans le méthaniseur sera en effet d’origine agricole : effluents d’élevages bovins, ovins et de volailles, ainsi que ceux issus des activités de transformation agricole (agrumes, viticoles, oléicoles et fromagers).

Les biodéchets de l’agroalimentaire (produits invendus et périmés des grandes surfaces + huiles issues de la restauration) et des collectivités constitueront les 20 % d’apport restant. Le biogaz issu du méthaniseur produira de l’électricité qui sera vendue à EDF et injectée dans le réseau, et la chaleur cogénérée servira pour sécher du fourrage (luzerne).

À l’issue du processus de méthanisation, la matière restante, appelée digestat, pourra être récupérée par les éleveurs impliqués ou achetée par d’autres, afin d’être épandue sur les parcelles cultivées, réduisant ainsi l’utilisation d’engrais de synthèse. « 11 500 tonnes de digestat devraient permettre la fertilisation d’environ 500 hectares de terres », d’après Joseph Colombani. Un bénéfice majeur pour les exploitations, alors que l’insularité de la Corse rend les importations d’engrais azotés encore plus chères que sur le continent.

Pour tout comprendre sur la méthanisation en 3 minutes

Les agriculteurs, tous installés en élevage extensif, devront adhérer à une Charte qualité pour avoir accès au centre. Cette Charte comprend notamment des engagements de suivi technique et sanitaire ainsi que le respect de la limite maximale de 25 veaux par an amenés par chaque éleveur au centre. Entre 60 et 80 éleveurs pourront ainsi amener leurs bêtes pour un engraissement d’une durée de 4 mois, dans des bâtiments dimensionnés pour n’en accueillir pas plus de 400 en même temps, soit environ 1000 par an. Le fonctionnement du centre de finition est conçu de manière à ce que les éleveurs qui travaillent en label “bio” puissent y amener leurs veaux tout en conservant ce label.

Voir la Charte Méthanisation d'Énergie Partagée

Le premier projet citoyen d’énergie renouvelable en Corse

Vaccaghja Energia constitue le premier projet citoyen d’énergie renouvelable en Corse, labellisé par Énergie Partagée. L’étude de faisabilité de l’unité de méthanisation est actuellement finalisée, ainsi que les plans des bâtiments destinés à l’atelier de finition, qui intégreront des panneaux photovoltaïques en toiture. L’ambition du projet a été reconnue dès 2020 quand il a été désigné par l’AUE (Agence d’Aménagement, d’Urbanisme et de l’Énergie) comme un des lauréats du Troph’Énergies, concours régional de valorisation des projets énergétiques.

En 2022, le foncier a été sécurisé et les porteurs de projet ont consolidé leur partenariat en se rapprochant du réseau régional des projets citoyens Energia Nostra et d’Énergie Partagée. Une étude juridique est en cours pour organiser les relations entre les porteurs, tant sur les volets agricoles qu’énergétiques. En 2023, des études plus détaillées seront menées afin d’envisager une mise en chantier en 2024 et une inauguration à partir de 2025.

Ce projet mobilise de nombreux partenaires afin de porter de manière cohérente des ambitions à la fois agricoles, énergétiques et environnementales. Tous les partenaires, éleveurs, Chambre d’Agriculture, collectivités locales et Collectivité de Corse, réseau Energia Nostra des projets citoyens EnR, sont réunis par une triple volonté : renforcer les élevages extensifs, leur autonomie et leurs pratiques de qualité ; développer la production d’énergies renouvelables là où 40 % des consommations électriques corses sont encore assurées en 2021 par des centrales thermiques au fioul ; renforcer par ce projet la coopération et le dynamisme des acteurs locaux, dans une démarche fédératrice et ouverte.

Ainsi la Collectivité de Corse, notamment à travers l’AUE, l’ODARC (Office du Développement Agricole et Rural de la Corse) et l’OEC (Office de l’Environnement de la Corse) est intégrée dans la réflexion sur le projet. Les communautés de communes du Fium’Orbu Castellu et de Costa Verde souhaitent également s’y associer et le compléter par une plateforme de compostage permettant de traiter les biodéchets et les déchets verts de leurs ménages.

 

 

Un projet de territoire pour la filière de la viande bovine corse

Vaccaghja Energia a vu le jour dans le contexte insulaire de la Corse, où tout revient plus cher à l’achat du fait du coût du transport des marchandises importées du continent. Ainsi, un éleveur corse supporte un coût supplémentaire de 30 % pour exercer son activité, que ce soit sur le matériel ou l’alimentation de ses bêtes. Ce surcoût se retrouve inévitablement dans le produit final mis en rayon : si un touriste de passage est prêt à payer plus cher ponctuellement pour un produit local de qualité, ces prix sont difficiles à assumer au quotidien pour la population locale. Il s’agit donc de mettre en place des outils collectifs pour conserver des élevages de qualité tout en réduisant les coûts pour les éleveurs.

« Le projet de méthaniseur et de centre d’engraissement collectif des veaux va répondre à ce besoin de mutualisation des coûts », explique Fanny Biehlmann, chargée de mission à la Chambre régionale d’agriculture de Corse, qui accompagne les éleveurs. Les éleveurs à l’origine du projet se sont regroupés en association, qu’ils ont fait labelliser GIEE (Groupement d’Intérêt Économique et Environnemental) et sont accompagnés par la Chambre d’agriculture.

Par ailleurs, la viande de veau corse souffre d’un problème de débouché et d’un manque de visibilité. Pour pérenniser les élevages, il faut donc développer la valorisation de la viande produite en structurant un système de labels lisibles pour les bouchers et les consommateurs, qui traduisent ses caractéristiques bien spécifiques. Il y a un véritable enjeu à relocaliser la production sur l’île, qui actuellement importe 80 % de la viande bovine et ovine, alors qu’elle a tout pour une production optimale : la géographie, le climat et l’eau.

Description de la race corse et du projet sur le site de la Chambre d’agriculture

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